Rencontre avec une photographe dont les clichés sont les témoins d’un monde fascinant.
Depuis 13 ans, Nathalie Michel est l’une des signatures images de PONANT. Escales vous propose de faire un retour sur un parcours hors norme, qui met en lumière une façon unique de travailler, à travers le monde. Curiosité, respect des sujets et des animaux, amour du voyage et des trésors les plus reculés de la planète guident Nathalie Michel dans sa façon de regarder le monde.
Comment avez-vous choisi la photographie de voyage ?
Nathalie Michel : Je suis tombée un peu par hasard sur ce métier qu’est la photographie, et pour lequel j’ai eu un véritable coup de foudre. Je m’y suis retrouvée dans la passion, l’envie de partager, de témoigner. L’amour de la mer, l’envie d’embarquer, ont ensuite naturellement axé mon travail sur la photo de voyage. Le monde maritime est très fort selon les conditions que l’on peut avoir de tempête, de lumière, et même si ça ne transparaît pas par la photo, d’odeur. Ce sont des ambiances chaque jour renouvelées.
Et puis, pour moi c’est important d’apprendre tout le temps sur les peuples, la faune, la flore. Ce qui pourrait définir le mieux ce métier, c’est la curiosité, la passion et l’envie de partager. J’ai la chance de voyager sur tous les continents. Je peux communiquer sur les connaissances et la beauté du monde auprès des gens qui ne peuvent pas voir tout cela.
Comment ce métier vous a amenée chez Ponant ?
Nathalie Michel : J’ai eu la chance d’embarquer il y a déjà 25 ans pour une autre compagnie. Et puis, le monde de la mer passe de façon incontournable par PONANT. Certains de mes amis y travaillaient déjà et m’ont invitée à les rejoindre en promettant que j’allais y trouver ma place. Je ne cache pas qu’au début j’ai peut-être embarqué en me disant : « Je vais faire un an ou deux ». Finalement, je n’ai pas vu les treize dernières années passer ! J’ai embarqué sur tous les navires : Le Diamant puis Le Boréal, L’Austral, Le Soléal, Le Lyrial, et enfin Le Lapérouse, ce magnifique bateau, inauguré en juillet 2018. PONANT, c’est une aventure qui avance vite, qui va loin. Et qui, je pense, nous permet de réaliser toutes ces envies de voyages et de découvertes non-stop. J’ai toujours envie d’aller plus loin. Ce qui est passionnant dans mon métier, c’est de se dire que la plus belle photo, c’est celle que l’on fera demain.
Aujourd’hui, combien de photographes et de vidéastes évoluent au sein de la flotte Ponant ?
Nathalie Michel : On a eu la chance de démarrer sur Le Diamant, avec mon mari, Frédéric, qui est vidéaste. Nous étions une petite équipe. Puis, avec l’avènement des nouveaux navires, il a fallu recruter et former les gens. Nous recherchons des profils toujours aussi passionnés, impliqués, avec une soif de découverte constante. Aujourd’hui, nous avons dix photographes et vidéastes sur les navires. A l’horizon 2021, on parle de 30 photographes et caméraman embarqués.
L’objectif est de faire vivre le Studio Ponant, créé en 2016, et composé d’une banque d’images, d’une photothèque. Il a pour but de véhiculer l’image PONANT et d’apporter une visibilité à la compagnie partout dans le monde. Ces photos sont en effet utilisées sur les réseaux sociaux, dans nos brochures… Le Studio Ponant, c’est l’ADN images de Ponant tant au niveau photos que vidéos.
Quelle est la vie et l’emploi du temps d’un photographe ou vidéaste à bord ?
Nathalie Michel : Dès le premier jour de la croisière, quand les passagers arrivent, nous sommes présents. Nous sommes là pour tracer l’histoire de leur croisière. Nous immortalisons l’accueil avec le Commandant, la première poignée de main, le premier contact avec le navire. Puis, on continue par le déroulé classique : les consignes de sécurité, le premier cocktail du Commandant, avec les tenues de gala, l’esprit de la croisière à la française, ses coutumes, son apparat.
Et surtout, que l’on soit en croisière d’expédition ou pas, on va très vite découvrir la destination. Nous immortalisons tous les temps forts : paysages, faune et flore, rencontres avec des peuples, découvertes de l’artisanat local… Les passagers pourront les retrouver sur un DVD retraçant l’histoire complète de ce voyage, nourrie des interviews des conférenciers, des naturalistes, des Commandants. Un très beau Best Of photo reprend également l’intégralité de ces temps forts.
Comment conciliez-vous votre travail de photographe avec celui des naturalistes ou même la présence des passagers ?
Nathalie Michel : Nous travaillons forcément avec les naturalistes et les conférenciers pour connaître les noms de certains animaux, des histoires, des lieux, qui peuvent être racontés en images. Ils nous aident énormément pour toutes nos légendes. Il y a un vrai travail d’équipe à bord.
Lors des croisières d’expédition, nous participons aux briefings que le chef d’expédition fait aux naturalistes avant chaque débarquement. Les équipes photos et vidéos partent avec le premier Zodiac mis à l’eau. Les naturalistes font un repérage de terrain pour assurer la sécurité des passagers, pour protéger les zones où sont les animaux. Les photographes et caméraman les accompagnent. Nous prenons des clichés dont ils se serviront lors des réunions de fin de journée. Mais aussi, évidemment pour saisir des instants d’exception, d’un albatros sur son nid, d’une colonie d’otarie. On voit la même chose que nos passagers, mais notre travail d’image nécessite notre présence en avance sur le terrain.
Quand vous prenez une photo, qu’est-il essentiel de partager ?
Nathalie Michel : Quand on parle de photographe et vidéaste professionnel, le minimum que l’on attend, c’est la qualité des images. Pour moi, les plus belles photos ne seront pas les plus techniquement parfaites. Là où le photographe de terrain est bon, c’est quand il transmet une émotion, quand il capture quelque chose de sensible de l’animal, qui peut nous amuser, nous secouer. Concernant, les paysages, il faut en trouver une essence particulière, apporter un œil artistique. Il faut savoir regarder et transmettre, partager, émouvoir.
Comment se passe la rencontre avec des populations au bout du monde, quand on a un appareil photo dans les mains ?
Nathalie Michel : Partout dans le monde, au Groenland ou en Océanie, lors de la création des croisières, les chefs d’expédition entrent en contact avec des chefs coutumiers ou des représentants des peuples visités. Ils leur indiquent le nombre de personnes qui débarqueront, ils leur demandent ce qu’on peut faire ou non pour respecter leur mode de vie. Nous sommes présents lors de cette phase. Nous leur demandons quelles sont leurs limites afin de ne pas perturber leurs vies.
En ce qui me concerne, j’ai beaucoup de facilités à entrer en contact avec des gens dont je ne parle pas la langue. Une chose est sûre, c’est que jamais je n’établis de premier contact en mettant mon objectif entre la personne et moi. Il faut prendre connaissance de l’autre, prendre conscience de l’autre, dans un échange. C’est ensuite que vient l’envie de faire la photo. Là, je demande une autorisation ; et je respecte si on me dit non. Parce qu’un portrait réussi ne peut être beau que si on a le consentement de l’autre. Même si le regard n’est pas direct, il y a des fous rires, des attitudes… J’ai d’ailleurs intitulé une série de photos « Quand Ponant regarde le monde, le monde lui sourit », parce que nous avons un intérêt, un respect, et une envie de partage avec les gens. On ne vient pas dans le but de les exploiter, de commercialiser, et ils le sentent.
Quel est le plus beau compliment que l’on peut vous faire sur une photo ?
Nathalie Michel : Je n’ai pas forcément envie qu’on me dise « Oh, c’est une belle photo » ! Je préfère qu’on me dise : « Cette photo-là m’a donné des frissons ». J’aime véhiculer des émotions, faire resurgir des souvenirs, à travers un portrait, un paysage.
Quel est votre plus beau souvenir de voyage ?
Nathalie Michel : J’en ai beaucoup, mais surtout, j’ai fait des rencontres humaines qui m’ont bouleversée. L’important, ce n’est pas d’avoir fait trois fois le tour du monde, c’est d’être libre d’aller partout dans le monde, de le faire et de mesurer cette chance. Je peux me dire : « Aujourd’hui je suis au pied du Corcovado au Brésil, hier j’étais sur un glacier en Antarctique, demain je suis au Kamchatka avec les orques, à l’extrémité est de la Russie ».
Existe-t-il un lieu que vous n’avez pas encore exploré et qui vous fait rêver ?
Nathalie Michel : L’Afrique est mon continent de cœur, qui m’émeut vraiment. Après, même les pays que j’ai déjà visités ont toujours quelque chose de nouveau à offrir. Tout dépend de l’âge auquel on y va, de la période à laquelle on y va, mais on y trouve toujours un intérêt. Petite, je demandais : « Qu’est-ce qui se passe ailleurs ? » Cette envie est toujours présente, inépuisable.
Quels sont vos prochains projets ?
Nathalie Michel : Dans cet esprit de partage de mon travail, j’ai co-écrit avec Stéphane Niveau, le premier tome d’une série de livres photo voyage : Cap au Nord, sur l’Arctique. Je suis en train d’écrire Cap au Sud.
Les essentiels de Nathalie Michel
Impossible de choisir ! J’ai eu un gros coup de cœur pour les deux ! C’est tellement différent !
2. Quel est l’accessoire indispensable à un photographe de terrain ?
De bonnes chaussures de marche !
3. Quel photographe est une source d’inspiration pour vous ?
Sebastiao Salgado pour son respect et son engagement pour la nature et les peuples, pour son travail sur les ombres et la lumière. Et les émotions qu’il arrive à donner au travers de ses clichés.
Partez au bout du monde
De l’Arctique à l’Antarctique, du Canada au Vanuatu, Ponant vous emmène dans les plus beaux endroits de la planète.