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Zaria Forman

L’artiste au pied de l’iceberg

Zaria Forman, artiste surréaliste fascinée par les icebergs, utilise son talent pour sensibiliser à la cause environnementale, en particulier la fonte des glaciers.

L’immensité blanche, grise et bleue, les craquements de la glace, le vent, l’odeur de la mer et le froid. Scientifiques mis à part, peu de gens ont la chance de se laisser envoûter par les paysages polaires. Dans les pas de sa mère, Zaria Forman a vécu plusieurs expéditions, matière première d’une œuvre engagée au service de la protection de l’environnement.

Une artiste et des scientifiques

Le changement climatique a ceci de paradoxal : bien qu’il soit à ce jour le plus grand défi que l’humanité ait jamais rencontré, il reste abstrait et difficile à appréhender. Le travail de Zaria Forman, réaliste mais empreint d’une vision positive, permet de s’en faire une idée plus concrète. En hommage à sa mère, la photographe Rena Bass Forman, décédée brutalement en 2011, elle organise l’expédition sur la côte nord-est du Groenland qu’elles devaient vivre ensemble. Zaria est saisie par la beauté vibrante de ces masses de glace, aussi puissantes que fragiles.

Les expéditions qui suivent lui permettent de voir la réalité du changement en cours. Elle participe plusieurs fois au programme « Opération IceBridge » de la NASA, en Antarctique, au Groenland et au Canada arctique et effectue une résidence en Antarctique avec National Geographic. Ces voyages forment le socle de sa mission, celle de donner à voir cette part de réalité inaccessible au plus grand nombre.

© Drew Denny

Des icebergs au bout des doigts

Cette volonté de transmettre explique son souci du réalisme, pour restituer au mieux ces paysages fabuleux, faits d’eau et de ciel. Elle prend des milliers de photographies qu’elle utilise comme bases de dessin. Elle va là où les glaces fondent, mais aussi au sud de l’Équateur, où les îles à fleur d’eau sont déjà en partie immergées. Si Zaria peut prendre quelques libertés sur l’aspect de l’eau ou du ciel et parfois sur la forme naturellement sculptée de l’iceberg, son rendu de la matière, des ombres et des teintes est proprement stupéfiant.

La technicité des expéditions auxquelles elle participe nourrit la précision de son dessin. Elle privilégie les grands formats, pour rendre un peu du gigantisme de ses modèles, mais elle ne travaille qu’au pastel sec. Une matière de poussière pour représenter l’eau, un morceau de pigment, évanescent et friable, comme le sont ces colosses menacés.

© François Lebeau

Protéger ce qui disparaît

Chacune de ces trois œuvres correspond à une expédition : Whale Bay en Antarctique, Svalbard, au large de la mer du Groenland et les îles des Maldives. Son trait photographique, aussi à l’aise dans l’eau que sur la glace, rappelle que dans le Pacifique ou l’océan Indien, de nombreuses îles s’enfoncent déjà sous le niveau de la mer.

Mais le propos de Zaria Forman ne se veut pas sentencieux ! Consciente que l’art véhicule des émotions et que l’homme réagit principalement sur la base de celles-ci, elle cherche à créer une connexion avec le public. Elle lui offre le privilège de contempler ces icebergs majestueux, qui redonnent à l’homme l’humilité qui lui sied. Des images qui dégagent la tranquillité d’avant le drame, peut-être plus efficaces pour une prise de conscience que les chiffres et le catastrophisme.

Baie des Baleines, océan Antarctique
Maldives, océan Indien
Svalbard, océan Arctique
Artistes, scientifiques ou professionnels du tourisme, chacun porte la responsabilité d’informer le public et de le sensibiliser sur les bonnes pratiques pour préserver l’environnement. Donner à voir la beauté de ce que l’on risque de perdre, c’est peut-être le meilleur moyen de le sauver.
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