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Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine national du parc de Versailles

« Il faut prendre le temps de voir la beauté, d’observer, de s’extasier »

On l’écoute avec gourmandise comme on se délecte d’un bon mets. Jardinier en chef du Domaine national de Trianon, du Grand parc du château de Versailles et responsable du Domaine national de Marly-le-Roi, Alain Baraton intervient lors de croisières PONANT aux quatre coins du monde. À bord, cet expert en botanique partage ses nombreuses connaissances, distille des anecdotes historiques prenantes mais surtout, transmet sa passion avec plaisir et malice.

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Vous êtes jardinier en chef du Domaine national de Trianon, du Grand parc du château de Versailles ainsi que responsable du Domaine national de Marly-le-Roi. Pouvez-vous nous décrire la particularité de ces jardins ? 

Ce sont des domaines qui ont connu leur apogée sous Louis XIV, et qui depuis, ont toujours été fréquentés par les rois, les empereurs et les présidents. Encore aujourd’hui, c’est à Versailles qu’est révisée la Constitution française. Ce sont des hauts lieux qui retracent quatre siècles de l’Histoire de France. Les Français aiment ces lieux. Ils font partie de leur patrimoine.

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Vous allez intervenir sur plusieurs croisières PONANT, aux quatre coins du globe. Quel est le point commun entre un spécialiste de la mer et un expert de la terre ?

De tous temps, les plantes ont été découvertes et acheminées par bateaux. Par exemple, le mimosa, qui est aujourd’hui un symbole de la côte d’Azur, est à l’origine une plante australe. Elle a été découverte et ramenée en Europe par l’explorateur britannique James Cook. Ce sont tous les grands explorateurs et botanistes qui ont permis la circulation des plantes. C’est une fierté de faire les mêmes voyages que des grands botanistes, comme Antoine-Laurent de Jussieu ou Antoine Richard, jardinier de Louis XVI et son père, Claude Richard, jardinier de Louis XV. Ils sillonnaient le monde pour rapporter des plantes extraordinaires.

Il faut également savoir qu’à ces époques, tous les ports possédaient leur « Jardin des retours », un lieu où les plantes venues d’ailleurs étaient mises en quarantaine. Les végétaux faisaient partie de tous les échanges : pour se nourrir, mais aussi pour la santé. Avant d’être médecin, il fallait être botaniste. Il y avait aussi un phénomène de société. Les riches se devaient de posséder un château, un carrosse et des plantes rares, dont certaines pouvaient valoir des fortunes.

Vous allez intervenir dans trois régions bien distinctes : en Europe du Nord, aux Seychelles et en Amérique centrale. Quelle est la « plante » d’exception à ne pas rater dans chacun de ces lieux ? 

En Amérique centrale, la tomate sans hésiter. C’est aujourd’hui un des fruits les plus consommés au monde ; elle est connue de tous. Autrefois on s’en méfiait car elle ressemblait à une plante toxique et on a attendu plus de 200 ans avant de la manger.

En Europe du Nord, la tulipe a eu une histoire mouvementée. Originaire de Turquie, elle n’avait que peu d’intérêt là-bas. Elle a été introduite et cultivée aux Pays-Bas en 1554, où elle a connu un vif succès. À tel point que, dans les années 1630, on assiste à un phénomène démentiel que l’on a nommé la « tulipomania ». La tulipe est devenue un produit hautement spéculatif et les prix ont augmenté de 5000% en trois ans ! Dans les annales on retrouve un exemple incroyable : un bulbe de tulipe a été échangé contre 12 moutons, 4 bœufs, 8 porcs, 40 tonnes de seigle, 24 tonnes de blé, 2 barils de vins, 2 tonnes de beurre, 4 barils de bière, du fromage, des vêtements, des meubles et un bateau !

Aux Seychelles, c’est la noix de coco qui reste mystérieuse. Tous les cocotiers poussent droit, sauf quand ils sont en bord de mer où ils avancent sur l’eau. Pourtant, n’importe quelle autre plante de bord de mer pousse vers la terre. On avance que le cocotier est ainsi voué à coloniser d’autres îles. En effet, les noix de coco flottent et sont poussées vers d’autres rivages…

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Le slogan PONANT « Accéder par la mer aux trésors de la Terre » s’applique particulièrement bien à vos interventions à bord. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Cela correspond à la découverte des plantes partout dans le monde. C’est ainsi que les explorateurs les ont trouvées. Ils arrivaient dans des criques et sur des côtes qui leur ont donné envie de découvrir l’intérieur des terres. Je pense au comte de Lapérouse, qui s’est notamment rendu aux Seychelles et qui a découvert des dizaines de plantes. À Versailles, il existe un tableau représentant Louis XVI, passionné par la mer, en train de se faire conter les aventures de l’explorateur par des officiers. Une fois emprisonné à Paris, le roi aurait demandé des nouvelles de Lapérouse et de son expédition à bord de La Boussole et de L’Astrolabe, dont on était alors sans nouvelle.

Les notions d’apprentissage et de transmission vous sont chères. Qu’aimeriez-vous transmettre aux passagers ? 

J’aimerais leur transmettre trois choses :

– la passion de la botanique. Derrière chaque plante, il y a des hommes, des femmes, des histoires. On apprend beaucoup à partir des plantes.

– la notion de la fragilité du monde qui nous entoure. Il faut prendre soin des plantes et les respecter, réfléchir à deux fois avant de cueillir une fleur pour l’offrir à sa bien-aimée ou la mettre dans ses cheveux. Le naturaliste et biologiste Théodore Monod disait : « Qui cueille une fleur dérange une étoile ».

– l’importance de prendre le temps de voir la beauté, d’observer, de s’extasier, de mieux connaître la plante. Ce sont des êtres vivants qu’il faut respecter.

Vous le dites vous-même : « La nature est fragile ». Quels gestes simples recommanderiez-vous pour que chacun puisse agir à son échelle ?  

Je dirais qu’il ne faut consommer que ce dont on a besoin et qu’il ne faut jamais perturber l’ordre établi. Il y a un équilibre fragile qui est précieux. André Le Nôtre, créateur des jardins de Versailles, voulait que la nature se plie à la volonté du roi. C’est bien pour les jardins, les compositions. Mais la nature en tant que telle, se doit d’être accompagnée et seulement aidée si elle le réclame. N’oublions jamais que nous avons plus besoin d’elle, et que sans elle nous n’existerions pas.

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