Renaud Capuçon et Alain Duault

Renaud Capuçon, est-ce différent de jouer en mer ?

RC : C’est quelque chose d’assez incroyable. C’est la première fois que je suis sur ce bateau absolument magique et évidemment, l’inspiration est très différente de quand on joue dans une salle de concert traditionnelle. On a la chance d’être au milieu de la mer et d’avoir un environnement absolument splendide autour de nous. Et nous, les artistes et musiciens, sommes extrêmement sensibles à ce genre de choses.

AD : À bord, la musique a une saveur particulière, c’est la saveur de l’intimité. Le public a la sensation de vivre avec les artistes car on a un petit théâtre, à taille humaine d’à peine 200 places. Là, les artistes sont devant eux, ils jouent pour eux !

Justement, Alain Duault, vous qui venez régulièrement à bord de nos navires, qu’est-ce que vous aimez tout particulièrement ?

AD : La rencontre avec les passagers. Je suis un homme de média, mais là, on voit pour qui on travaille, cela permet d’entretenir un lien intime. Pour moi, c’est un échange passionnant qui permet de se mettre à l’écoute du public. On m’a demandé il y a trois ans pourquoi je ne proposerais pas également un festival avec uniquement des chanteurs. Et c’est ainsi que j’ai créé le premier festival lyrique en mer, qui aura lieu en octobre prochain.

RC : Je n’avais jamais fait de croisière musicale, ni de croisière tout court d’ailleurs et j’appréhendais un peu cette promiscuité avec les mêmes personnes,. Et il s’avère que ce fut une expérience très enrichissante, très agréable, avec un public super chaleureux, très à l’écoute pendant les concerts et très respectueux des moments de concentration et de répétition. Il y avait beaucoup de respect et de convivialité de part et d’autre. 

AD : Les navires Ponant, c’est aussi l’excellence en termes d’hôtellerie, de navigation, avec la possibilité de naviguer de par le monde, mais également dans des endroits où les autres navires de croisière ne vont pas. Cette maniabilité est vraiment plaisante.

Quelle est l’expérience de votre carrière qui vous a le plus marquée ?

RC : Il y a tellement de choses qui m’ont marqué dans ma vie de musicien et qui continuent de me fasciner ! Je dirais que ce sont les découvertes, par exemple, comme celle de ce bateau, de cette expérience de quelques jours, de voguer sur l’eau tout en jouant du Brahms, du Schubert et du Fauré. C’est quelque chose d’incroyable. Mais ça peut être aussi des rencontres avec des musiciens parfois, ce que je vais continuer à faire dans le futur, ou encore des salles de concert merveilleuses… Quand on est un musicien, on est en permanence en quête d’absolu. Je crois que plus on recherche, plus on reçoit. Et j’espère que ce n’est pas fini !

AD : Pour ma part, je me souviens du tout premier festival de piano en mer, avec la participation de l’immense pianiste russe Nicolaï Luganski. Je lui avais fait faire sa première émission de télévision en France et j’avais donc gardé avec lui un lien fort. Je l’avais appelé à Moscou pour lui dire que je lançais ce festival et que je désirais qu’il vienne. On a travaillé pour trouver les dates adéquates, il est venu et quand on était à bord, sa femme m’a remercié. Figurez-vous que cela faisait cinq ans qu’elle n’avait pas passé toute une semaine avec son mari, qui court le monde en permanence ! C’est donc un formidable souvenir. Un autre encore, c’est lorsqu’on a eu à bord Nelson Freire, le pianiste brésilien qui était alors le plus grand pianiste international. Il y a eu des négociations complexes qui ont bien duré trois, quatre ans, puis Nelson Freire est venu donner un concert qui a ravi le public mais aussi lui-même, qui était un peu réticent. Il fut absolument ravi. Il voulait même revenir. Hélas, il a eu un accident mortel à Rio juste après. C’est donc à bord du Bougainville qu’il a donné son ultime concert…

Crédits Photos : ©StudioPONANT-Adrien MORLENT