L’appel des terres australes
Dans le grand Sud résonne l’écho d’un monde originel. Au retour de sa croisière en Antarctique, Claude-Olivier Marti vous partage son regard sur sa rencontre avec les mystérieuses et fascinantes îles subantarctiques et sur la magie de sa première expédition vers le Continent Blanc.
Claude-Olivier Marti
Les îles Falkland : en compagnie des géants des cieux de l’Antarctique
Première étape sur la route des îles subantarctiques : l’archipel des Falkland, introduction saisissante au monde austral. Ici, Claude-Olivier Marti évoque une rencontre directe avec la faune, avant même de toucher terre, dans le sillage du navire : un cortège de bienvenue animé par les pétrels géants et les damiers du Cap.
Lorsqu’il pose pied sur l’archipel, l’immersion est totale. Le tussock, ces hautes herbes ondulant en vagues dorées, s’écarte pour dévoiler un théâtre bouillonnant où se pressent des colonies d’albatros à sourcils noirs, de gorfous sauteurs et de cormorans impériaux. Une proximité d’une rare intensité qui rappelle au voyageur sa juste place : celle d’un simple invité de passage.
Claude-Olivier Marti
La Géorgie du Sud : le domaine des manchots royaux
À quelque 1 500 kilomètres à l’est des Falkland, la Géorgie du Sud impose toute sa démesure. Sur la plaine de Salisbury, le regard du passager peine à embrasser l’immensité d’une marée vivante : un saisissant tumulte où le chœur de dizaines de milliers de manchots royaux semble faire trembler la terre elle-même. Une fantastique symphonie sauvage !
Face à cette clameur qui emplit l’espace, Claude-Olivier Marti se sent à la fois intrus et privilégié. Ici, la fougue des otaries à fourrure défendant leur territoire. Là, la placidité des éléphants de mer, dont l’imposante paresse n’a d’égale que leur majesté. Le spectacle de la nature dans sa force originelle : une rare leçon d’humilité face à une telle puissance.
Claude-Olivier Marti
Grytviken, mémoire des pôles
Son nom, Grytviken – « la baie des chaudrons » – raconte un passé brutal. Celui d’une industrie florissante et tragique. Fondée en 1904, elle fut la plus grande station baleinière de l’hémisphère sud. Aujourd’hui, la rouille de ses géants de fer – plans de dépeçage, réservoirs monumentaux… – dialogue avec le silence. Les otaries se prélassent sur les anciennes cales de halage et les baleines sont de retour. C’est aussi ici que repose sir Ernest Shackleton, dont la tombe veille sur ce sanctuaire de la mémoire polaire.
Les Orcades du Sud : le frisson de l’inattendu
Au seuil de la péninsule, dans la mer d’Écosse, l’archipel des Orcades du Sud se dérobe souvent aux regards. Ses rivages, ceints par une banquise imprévisible, se méritent au gré des vents et des courants. Atteindre ces terres rares, c’est goûter au frisson de l’exploration pure, une incursion presque dérobée au cœur d’un monde secret.
Ici, la nature impose une autre temporalité. Des glaciers millénaires surplombent des rivages désolés, où d’immenses icebergs tabulaires dérivent en une lente procession. Ces murailles de glace, dont la masse invisible défie l’entendement, plongent le paysage dans une majesté hors du temps. Le silence y est absolu, parfois troublé ici et là par le cri lointain des manchots jugulaires.
Claude-Olivier Marti
Les îles Shetland du Sud : aux portes du mythe
Ultime rempart avant le Continent blanc, à 120 kilomètres au nord de la péninsule, l’archipel volcanique des Shetland du Sud impose un univers spectaculaire. Sur ses îles, où des roches sombres émergent de la glace, résonne encore l’écho de l’exploit de Shackleton. C’est ici, sur la mythique Elephant Island, que son équipage survécut en 1916, après le naufrage de L’Endurance dans la mer de Weddell.
C’est ici également que la faune purement antarctique se dévoile enfin. Dans des baies abritées comme Mikkelsen Harbor, Claude-Olivier Marti découvre des colonies de manchots papous qui animent le rivage d’un ballet incessant, tandis que de majestueux phoques de Weddell se prélassent sur la glace. Une première et saisissante rencontre avec les véritables habitants du pôle Sud.
Claude-Olivier Marti
Antarctique : fouler une terre de légende
L’arrivée sur la péninsule Antarctique est une révélation pour Claude-Olivier Marti. À Neko Harbor, sur la côte ouest de la Terre de Graham, le décor surpasse son imagination. Dominés par d’imposantes montagnes, d’immenses glaciers s’écoulent vers les eaux calmes de la baie d’Andvord. Le calme y est absolu, parfois troublé par le fracas lointain d’un sérac se détachant dans un grondement sourd.
Et le rêve de toucher terre lorsque le pied foule le sol du Continent blanc pour la première fois : un premier contact d’une simplicité désarmante. Un instant inoubliable, sans aucun doute le plus intense et le plus personnel de toute odyssée australe. Mais la péninsule révèle aussi sa richesse sur l’eau. Au creux de ses baies abritées, notamment, où il n’est pas rare d’observer le souffle d’une baleine à bosse.
Claude-Olivier Marti
Le cap Horn : l’ultime épopée maritime
Le voyage retour fait dialoguer défis actuels de navigation au plus près des glaces et mémoire des exploits des plus grands marins. Avant de partir, Claude-Olivier Marti fait un dernier adieu majestueux à ces terres de glace le long de l’étroit chenal Lemaire où le ciel semble toucher les montagnes.
Puis vient le moment de se mesurer à la puissance du Drake, ce rite de passage où l’appréhension le dispute à l’excitation face aux « 50e hurlants ». Au terme de cette traversée mythique, la récompense se dessine : voir le cap Horn émerger des brumes. L’ultime accomplissement d’une odyssée australe, avant que la boucle ne soit bouclée à Ushuaïa.
Le passage de Drake, un rite marin
Le redouté passage de Drake forme le point de rencontre des océans Atlantique, Pacifique et Austral. C’est ici que le puissant courant circumpolaire antarctique s’engouffre sans rencontrer d’obstacle terrestre. Cette configuration unique, combinée aux vents violents des « 50e hurlants », peut générer des vagues parmi les plus hautes du globe, faisant de sa traversée un véritable rite de passage pour tous les marins.
Claude-Olivier Marti
Pour la faune, pour les paysages, pour l’aventure… Au fond, la raison du départ importe peu. Car c’est bien l’alchimie de toutes ces expériences qui tisse le fil d’un voyage unique. Une odyssée d’où Claude-Olivier Marti n’est revenu pas tout à fait le même, avec en lui une part de l’essentiel.
Claude-Olivier Marti
Les îles subantarctiques en bref…
Crédits photos : ©Claude-Olivier Marti ; ©StudioPONANT/Adrien MORLENT
Cap sur le Continent Blanc



