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Ernest Shackleton

Le “boss” des expéditions polaires en Antarctique

Sir Ernest Shackleton (1874-1922) incarne l’âge héroïque de l’exploration polaire, à l’instar de Robert Falcon Scott, Roald Amundsen ou encore Jean-Baptiste Charcot. Les exploits accomplis lors de son expédition en Antarctique à bord de l’Endurance en 1915 l’ont propulsé au rang de légende.

Le goût de l’aventure

Optimiste forcené et meneur charismatique, Ernest Shackleton remplit tous les critères du héros méritocratique dans une Angleterre encore cloisonnée par les castes. Fils de médecin, il naît en Irlande le 15 février 1874 – la même année qu’un autre leader qui marqua l’histoire, Winston Churchill.

Alors que rien ne l’y prédestine, Ernest Shackleton s’engage comme cadet dans la marine marchande à l’âge de seize ans. Jusqu’à sa mort prématurée en 1922, il participe à trois expéditions polaires en Antarctique parmi les plus marquantes de l’histoire de la « course au pôle ».

banquise et monts englacés en Antarctique

L’expédition Discovery : premier contact avec l’Antarctique

À 27 ans, Ernest est nommé troisième officier sur le RRS Discovery, et participe ainsi à la première expédition polaire entièrement britannique du XXe siècle. Menée par Robert Falcon Scott, l’entreprise a pour but l’exploration de la mer de Ross. Cette vaste baie située dans l’océan Pacifique, à l’ouest du continent Antarctique, est la porte d’entrée la plus proche du pôle.

En novembre, il se joint à Scott et Edward Adrian Wilson, dans une marche éreintante pour repousser la latitude la plus élevée jamais franchie par l’homme. Souffrant, il est contraint au rapatriement en 1903. Cette tentative avortée ne fait que renforcer sa volonté de revanche.

L’expédition Nimrod : en pôle position

Frank Wild, Ernest Shackleton, Eric Marshall et Jameson Adams, lors de l’expédition Nimrod </p>
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De gauche à droite : Frank Wild, Ernest Shackleton, Eric Marshall et Jameson Adams, lors de l’expédition Nimrod.

La détermination d’Ernest Shackleton porte ses fruits. En 1908, il embarque en tant que chef de l’expédition Nimrod, la seconde expédition britannique en Antarctique du XXe siècle. Son ambition ? La découverte du pôle Sud magnétique, l’exploration de la barrière de glace de la mer de Ross et bien sûr, le pôle Sud géographique.

Parti le 1er janvier 1908 de Nouvelle-Zélande, le Nimrod – nom inspiré du premier roi après le déluge dans la Genèse – atteint le cap Royds, sur la côte est de l’île de Ross. Ernest Shackleton et ses hommes se lancent alors dans un trek ambitieux pour rejoindre le pôle Sud.  Contraints de faire demi-tour après plus de 2 000 kilomètres parcourus en 91 jours, ils parviennent cependant à la latitude de 88°23’S, passant sous la barre symbolique des 100 milles jusqu’au pôle Sud.

Deux autres records sont réalisés lors de l’expédition Nimrod : la première ascension du mont Erebus, le volcan actif le plus méridional du monde, et l’approche du pôle Sud magnétique.

Accueilli en héros en Angleterre en 1909, Ernest Shackleton est anobli par le roi Édouard VII. Il publie The Heart of the Antarctic, un récit détaillé de son expédition qui demeure parmi les ouvrages les plus marquants de l’âge héroïque de l’exploration de l’Antarctique. Ses aventures passionnent le public, et attirent plusieurs milliers de visiteurs à bord du Nimrod, amarré à Londres.

Rencontre avec le Commandant Devorsine

La cabane d’Ernest Shackleton au Cap Royds, sur l’île de Ross. 

La cabane d’Ernest Shackleton

Construite lors de l’expédition antarctique britannique Nimrod, la cabane de dix mètres sur six a été restaurée au début des années 2000 par l’Antarctic Heritage Trust, une association qui œuvre pour la conservation des sites historiques en Antarctique.

À l’intérieur de cet abri dans lequel les quinze hommes de l’expédition hivernèrent treize mois :  une chambre noire avec le matériel photographique, des vivres, un laboratoire de biologie, un fourneau, une table, du matériel scientifique, les lits et effets personnels des membres de l’expédition et sept lampes à gaz. À l’extérieur : une écurie pour les poneys, un garage ainsi qu’un atelier pour la première voiture ayant roulé en Antarctique, une Arrol-Johnston.

La « course au pôle »

Au début du XXe siècle, la « course au pôle Sud » bat son plein. Il est atteint le 14 décembre 1911 par le Norvégien Roald Amundsen, suivi de près par l’expédition Terra Nova de Scott, qui lui sera fatale.

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[Il a] comme mausolée toute l’architecture fantastique de l’Antarctique, tombeau immense qu’un pharaon d’Égypte n’aurait pu même rêver, et au sommet du monde, dominant le tout.

Hommage du Commandant Jean-Baptiste Charcot à Scott.

(Le Matin, 11 février 1913).

Si le pôle est atteint, jamais l’Antarctique n’a été traversé. Ernest Shackleton se prépare alors à embarquer vers le grand Sud pour réaliser la première expédition impériale transantarctique et relier la mer de Weddell à la mer de Ross. Il rebaptise le Polaris, vaisseau spécialement conçu pour l’expédition polaire, en Endurance, une inspiration qui se révèle prémonitoire.

Pour recruter son équipage, il fait paraître une annonce dans les journaux. Il reçoit près de 5 000 candidatures

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Recherche hommes pour voyage périlleux. Bas salaire. Froid glacial. Longs mois de totale obscurité. Danger permanent. Retour non garanti. Honneur et reconnaissance en cas de succèsErnest Shackleton

L’expédition Endurance : Ernest Shackleton entre dans la légende

L’Endurance embarque 28 membres d’équipage, près de 70 chiens, plusieurs tonnes de vivres et prend le large le 8 août 1914 pour la Géorgie du Sud. Pris dans les glaces en mer de Weddell dès janvier 1915, dans ce qu’Ernest Shackleton décrira comme « la pire faction, de la pire mer du monde », le navire dérive jusqu’en octobre – un huis clos interminable dans l’attente d’un dégel, qui ne viendra jamais. 

Rencontre avec le Commandant Devorsine

L’Endurance, pris dans la banquise en mer de Weddell.

Le chef d’expédtion s’emploie alors à contrecarrer l’ennui qui pèse sur l’équipage : il faut avant tout éviter les tensions, qui pourraient tourner à l’émeute, en organisant la chasse et même des matchs de football sur la glace, un divertissement vital pour l’esprit de camaraderie.

Après une dérive de plus de huit mois dans les glaces, le 21 novembre 1915, l’Endurance sombre. La coque cède sous l’étau de la banquise. À la suite du naufrage, celui que son équipage surnomme le « boss » guide ses hommes dans une odyssée qui défie l’entendement. Pour Ernest Shackleton, deux objectifs : tenter un retour à pied et en canots jusqu’aux stations baleinières de Géorgie du Sud, à plus de 800 milles, où il espère trouver de l’aide, et s’assurer du moral des troupes pour éviter tout risque de mutinerie.

Sir Ernest Shackleton et son équipage, à Ocean Camp, en Antarctique.

Sir Ernest Shackleton et son équipage, à Ocean Camp.

L’équipage monte d’abord un premier campement sur la banquise à proximité de l’épave de l’Endurance : Ocean Camp. Puis, lorsque la glace devient trop fine, l’installation éphémère est déplacée et renommée Patience Camp. Les hommes survivent plusieurs mois, dans l’espoir que la dérive des glaces les rapproche de la péninsule Antarctique. Le chef d’expédition connait en effet l’existence d’une cabane en pierre qui contient des vivres, construite sur l’île Paulet par les survivants du naufrage de l’expédition du suédois Otto Nordenskjöld en 1903.

En avril 1916, sous l’effet de la débâcle, la banquise se brise. Ernest Shackleton donne l’ordre d’embarquer sur les canots pour naviguer vers la terre la plus proche : l’Île de l’Eléphant. Il repart aussitôt pour la Géorgie du Sud avec quatre compagnons à bord du plus grand des canots, le James Caird. Ils subissent les tumultes d’une tempête en mer de Weddell avant d’atteindre, deux semaines plus tard, les rivages de l’archipel.

Épuisés, il leur faut encore gravir des pics à plus de 3 000 mètres afin de rejoindre Stromness, la station baleinière. Ernest Shackleton organise alors le sauvetage du reste de son équipage avec le concours de la marine chilienne : le 30 août 1916, il découvre lors de son retour sur l’île de l’Éléphant que ses hommes ont tous survécu malgré les conditions extrêmes et le peu de ressources à leur disposition.

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C’est un homme qui, s’il se rend clairement compte des difficultés, s’engage toujours dans une entreprise avec la confiance absolue qu’il pourra, qu’il doit les surmonter. C’est sans doute la contagion de cette confiance qui fait que ses seconds et ses hommes coopèrent si étroitement avec lui. 

Emily Shackleton

Juin 1916

À leur retour en Europe, le récit de cette épopée est dans tous les journaux, mais la guerre est passée par là. Ernest Shackleton confie en mai 1917 : « Parler de mon expédition ? J’hésite presque. Tout, en effet, a, pour ainsi dire, disparu devant cette guerre, qui, seule, importe ». Les hommes de l’Endurance dont l’état de santé le permet s’engagent aux côtés des forces alliées.

L’épave de l’Endurance : un trésor sous-marin

 

En mars 2022, les membres du projet « Endurance22 » retrouvent l’épave du navire en mer de Weddell, à 3 000 mètres de profondeur et six kilomètres du lieu de submersion. Grâce à une technologie de pointe, l’équipe a pu explorer les fonds avec des véhicules sous-marins autonomes, qui permettent une modélisation 3D et une couverture photogrammétrique complète du navire. Les clichés révèlent que le gouvernail et certains cordages semblent intacts, une remarquable conservation rendue possible par les températures glaciales.

L’expédition Quest : la dernière aventure d’Ernest Shackleton

Ces longs mois de survie sur la banquise n’ont en rien entamé les ambitions de l’explorateur. Moins d’un an après son retour, interrogé sur la possibilité d’un quatrième voyage, il répond « La guerre finie ? Eh bien, si je survis, le pôle a toujours une attraction irrésistible pour moi. »

Il se lance dans une quatrième expédition qui porte enfin son nom, Shackleton-Rowett, à bord du Quest. Cette quête sera sa dernière. Victime de deux crises cardiaques, il meurt le lendemain de son arrivée en Géorgie du Sud, le 5 janvier 1922. Emily Shackleton, son épouse, informe par télégramme ne pas souhaiter le rapatriement du corps, estimant que son mari désirerait reposer dans le cimetière des baleiniers de Grytviken, près du continent blanc auquel il consacra sa vie.

Sépulture d’Ernest Shackleton, dans le cimetière des baleiniers de Rytviken, en Géorgie du Sud

Sépulture d’Ernest Shackleton, dans le cimetière des baleiniers de Rytviken, en Géorgie du Sud

South, le premier documentaire d’exploration

Avec sa caméra, Frank Hurley (1885-1962), un aventurier et cinéaste australien embarqué sur l’Endurance, filme cette aventure inouïe, de l’attente interminable au sauvetage des naufragés. À son retour, il signe South (1919), considéré comme le premier documentaire d’exploration. Réalisé par George Butler, le documentaire éponyme The Endurance, sorti en 2000, revient sur l’expédition en s’appuyant sur des images d’archives tournées par Frank Hurley et des témoignages des familles de rescapés.

Crédits photos : ©F. Hurley, Underwood & Underwood ; ©James Murray ; ©PONANT/Photo-Ambassador Cindy Miller Hopkins ; ©StudioPONANT/Morgane Monneret ; ©StudioPONANT/Adrien MORLENT

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