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Petite et grande histoire du tatouage polynésien

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À la découverte d’un art ancestral

La petite histoire du tatau, tatouage polynésien traditionnel, c’est celle de Philippe Aukara, tatoueur tahitien à Papeete qui nous livre ses secrets. La grande, c’est celle de cet art ancestral pratiqué depuis des millénaires, des îles Marquises aux Samoa, de la Nouvelle-Zélande à l’archipel de la Société. Un inestimable savoir-faire qui aurait pu disparaître, banni par les colons européens, mais dont les nouveaux artisans s’attachent à préserver histoire, techniques et authenticité.

Carte d’identité

« Ta-tau, ta-tau, ta-tau… » Cette mystérieuse rythmique, l’explorateur James Cook l’entend pour la première fois lors de son expédition en Polynésie, au XVIIIe siècle. C’est la « mélodie » du tatoueur polynésien. Le bruit de ses outils qui s’entrechoquent. Un manche en bois sur lequel a été fixé un petit peigne – composé d’os, de dents de requin ou d’écailles de tortue – et sur lequel le tatoueur vient frapper délicatement à l’aide d’un maillet afin de piquer la peau. Au préalable, il aura trempé les dents du peigne dans une encre à base de charbon de noix de bancoulier, diluée dans de l’huile ou de l’eau. On est en 1769. James Cook – et très bientôt, toute l’Europe – découvre ces étranges dessins bleutés recouvrant les bras, les torses, les jambes et les dos des Polynésiens. 

En réalité, voilà plus de deux mille ans que Marquisiens, Samoans et Tongans, Hawaïens, Tahitiens et Maoris usent de leur corps comme d’une toile pour y « graver » leur histoire. « Le tatau, explique Philippe Aukara, servait à exprimer sa personnalité, à témoigner de sa maturité sexuelle, de sa généalogie ou de son rang dans la société. » Pour les Polynésiens, qui le recevaient dès la puberté, il constituait un véritable rite de passage. Était mis au ban de la communauté celui qui choisissait de se soustraire à la tradition – la pratique s’est depuis assouplie… Le tatouage polynésien se voulait la marque d’une identité et du passage du temps : des dessins pour suppléer à l’absence d’écriture au sein de sociétés polynésiennes de traditions orales.

histoire du tatouage polynésien

À chacun son histoire

Au fil des siècles et des grandes migrations au cœur du triangle polynésien – Hawaï, Nouvelle-Zélande et île de Pâques –, chaque archipel a su développer son propre art du tatouage. D’une île montagneuse à un atoll planté de palmiers, styles et symboles diffèrent. À chacun alors de raconter les épreuves importantes de sa vie et d’ancrer ses souvenirs dans la peau à travers ses totems fétiches. 

Si les tikis marquisiens, représentations des demi-dieux polynésiens, symbolisent protection et puissance, le poisson lui est une marque de prospérité. Tandis que la tortue évoque la santé, la fertilité et le lien familial, les dents de requin matérialisent force et sécurité, tout comme les oiseaux et les vagues figurent le voyage et la spiritualité… Finalement, « chaque tatouage porte en lui sa propre histoire. C’est avant tout le fruit d’un échange personnel entre le tatoueur et le tatoué. Au tatoueur d’agencer, d’harmoniser les motifs retenus et de les adapter à la morphologie du corps. C’est ainsi que petit à petit se construit le dessin. » Il existe ainsi autant de motifs que de tatoués !

L’emplacement choisi a également son importance. Sur l’épaule, en signe de force et de bravoure. Sur le torse, en signe de générosité et de sincérité. Sur la tête pour symboliser la sagesse. Ou sur les jambes pour symboliser le progrès. Si les usages évoluent, les tatouages féminins quant à eux se limitent traditionnellement à de discrètes et délicates parures sur les mains, les pieds ou encore les lèvres. Tel ce petit anneau de tiaré enroulé autour d’une cheville, témoignage de grâce, de beauté et de sensualité. De même, encore, pour cette fleur d’hibiscus accrochée sur une épaule.

histoire du tatouage polynésien

Renaissance d’un art, respect d’une culture

Jugée comme  barbare  par les missionnaires à la fin du XVIIIe siècle, la pratique traditionnelle du tatouage polynésien s’est vite retrouvée proscrite… Mais à force de résilience, près de cent cinquante ans plus tard, les îles polynésiennes ont vu le tatau retrouver ses lettres de noblesse. « Il est aujourd’hui pleinement assumé et accepté. C’est un véritable bond en avant !, se réjouit Philippe Aukara. À la transmission orale se substituent désormais écoles et réseaux sociaux pour mieux diffuser les différentes techniques. » 

Quelques mots sur Philippe Aukara…

Il est l’un de ces dignes héritiers du tatau, fier de ses racines et de sa culture. « En tant que Marquisien, le tatouage et la danse occupent une place importante dans mon quotidien. Cette envie d’être tatoué et tatoueur remonte à ma plus tendre enfance », confie-t-il. Au sein de son salon situé à Papeete, juste en face du collège de Tipaerui, il pratique différents styles de tatouages. Notamment « le tatouage polynésien moderne, soit un mix de toutes les cultures que l’on peut retrouver au cœur du triangle polynésien, une technique avec beaucoup d’ombrage. Mais aussi le tatouage marquisien, le Patutiki, conçu avec plus d’aplats noirs, sans ombrage. »

Dessinée directement sur la peau de ses clients, chacune de ses créations est unique, reflet intime de la vie et des valeurs de celle ou celui qui la porte. « Si je m’inspire essentiellement des motifs polynésiens et marquisiens traditionnels, en tant qu’artiste tatoueur, il m’arrive aussi de les actualiser. Et côté technique, « si aujourd’hui l’évolution des outils modernes a pris le dessus, certains perpétuent le savoir-faire des anciens. » Et à travers lui toute l’histoire et la culture de la Polynésie. La technique du dotwork« travail au point » – apparaît ainsi comme une déclinaison contemporaine de l’encrage au peigne traditionnel.

histoire du tatouage polynésien

 

Plus qu’une mode, le renouveau du tatau relève d’une formidable affirmation identitaire au cœur du Pacifique Sud… et au-delà.

Crédits photos : ©Studio PONANT/ Julien Fabro ; ©iStock

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