Mieux comprendre et protéger la biodiversité marine
Depuis sa création en 2017, la Fondation Pure Ocean sélectionne, finance et promeut des projets de recherche scientifique innovants, au service de la protection des écosystèmes marins. Rencontre avec David Sussmann, son fondateur et président.
Comment est né votre engagement pour la protection des océans ?
David Sussmann : Quand j’ai lancé Seafoodia, une entreprise d’import-export de produits de la mer, l’océan est devenu mon métier et j’ai rapidement pris conscience de sa grande fragilité. J’ai constaté des phénomènes désastreux, non seulement pour la nature, mais aussi pour les hommes. Le jour où j’ai rencontré des Inuits, et que l’un d’eux s’est mis à pleurer car il découvrait pour la première fois de l’herbe là où il n’avait jamais vu que de la glace auparavant, j’ai pris conscience que mon activité avait un impact sur la planète, et que je devais agir pour que cet impact soit positif.
En quoi les océans occupent-ils une place centrale dans l’avenir de la planète ?
David Sussmann : Les océans représentent les deux-tiers de la planète. Les mers et les océans sont le poumon de la planète, ils sont capables d’absorber 25% de nos émissions de CO2. Plus de 90% des espèces vivant sur la planète se trouvent en milieu marin. Nous venons tous des océans. Et 9 espèces sur 10 n’ont pas encore été découvertes ! Tout reste à explorer… Les écosystèmes marins jouent également un rôle essentiel dans le mécanisme du réchauffement climatique global.
Quelles sont les grandes missions de la Fondation Pure Ocean ?
David Sussmann : Je suis profondément convaincu que face à l’urgence climatique et à la dégradation des écosystèmes marins, les scientifiques sont les plus à même de trouver des solutions innovantes et durables. J’ai donc souhaité créer une organisation pour soutenir des programmes de recherche appliquée.
Nous organisons également des événements sportifs originaux pour sensibiliser le grand public. Par ailleurs nous favorisons les échanges entre les entreprises, les experts, les associations et le grand public, à l’occasion de conférences et d’événements sous la forme des « Talk for Pure Ocean ». Ces moments d’échange sont très importants pour transmettre notre message et accélérer la prise de conscience.
Pourquoi les événements sportifs sont-ils un bon moyen de sensibiliser le grand public ?
David Sussmann : Les défis sportifs que nous co-organisons nous permettent de diffuser plus largement nos messages de sensibilisation. Nos ambassadeurs sont de grands sportifs dont les vies sont étroitement liées à l’océan. Ils sont tous activement engagés pour sa protection. Il y a dans le sport une conjugaison forte de valeurs fondamentales pour Pure Ocean : le dépassement de soi, le respect des autres, la connaissance de l’environnement. Ces évènements sont aussi l’occasion de rassembler et de faire connaître des acteurs locaux engagés dans la préservation des océans.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le nombre et le type de projets scientifiques soutenus ?
David Sussmann : En 2019 nous avions un budget global de près de 800 000 € et nous avons financé 6 projets scientifiques dans le monde. Nous sommes en ce moment même en train de sélectionner de nouveaux projets, toujours plus à la pointe de la science et de l’innovation. Nous avons reçu plus de 160 projets (contre 70 en 2019), provenant de plus de 40 pays. Aujourd’hui, plus d’une centaine d’entreprises sont mécènes de Pure Ocean. Nous constatons une véritable prise de conscience parmi les entrepreneurs. Pure Ocean tient compte de 3 axes d’innovation dans la sélection des projets soutenus : l’innovation technologique (drone, robots sous-marins, ADN environnemental…), sociale (science participative) ou écologique (biomimétisme…).
En quoi ces projets sont-ils porteurs de solutions concrètes et globales pour la planète ?
David Sussmann : Au Yucatan par exemple, IMTA PROJECT imagine une aquaculture du futur, plus innovante, durable et respectueuse de l’environnement. Basée à terre, utilisant l’eau salée souterraine présente en quantité sur place, elle produit le moins de déchets possible en faisant cohabiter différentes espèces de sorte que les sous-produits d’une espèce peuvent être recyclés en nutriments pour une autre. Une solution plus vertueuse qui permettra de protéger les écosystèmes marins fragiles des Caraïbes.
Est-ce que certains projets proposent un volet “sciences participatives” ?
David Sussmann : Le projet POLARIS, une plateforme collaborative développée à Marseille par Laura Barth et l’équipe de Septentrion Environnement, est un exemple concret de science participative. Chaque plongeur devient alors un explorateur pour la science en prenant part à la veille scientifique globale de la biodiversité en Méditerranée. Grâce à l’application ouverte au grand public, ils peuvent collecter et recenser les données relevées lors de leurs plongées : espèces, habitats, pollution, etc. Ces données, exploitées par des scientifiques, serviront ensuite à mieux orienter les mesures de gestion en faveur des écosystèmes marins.
Quel est le message principal que vous souhaitez adresser au grand public ?
David Sussmann : Comme chez PONANT, nous aimons répéter que nous protégeons mieux ce que nous connaissons, c’est pourquoi nous apportons une importance particulière à la recherche scientifique et à sa promotion. Nous essayons également de donner aux gens les moyens d’agir à leur échelle. En organisant par exemple des opérations de ramassage de déchets. Je suis optimiste quant à l’avenir de la planète. Nous avons à relever de nombreux défis pour continuer de cultiver notre jardin, même s’il s’agit d’un autre jardin. À nous de le préserver, de continuer de découvrir de nouvelles espèces, de le comprendre et d’en prendre soin.
Découvrez toutes les actions et les projets soutenus par la Fondation Pure Ocean sur leur site internet.
Portrait chinois. Si David Sussmann était :
- Un sport : un sport d’équipe en contact avec la mer
- Une merveille de l’océan : le poulpe, un animal fascinant
- Une mer : la Méditerranée qui représente 1% des eaux de la planète, mais 10% de la biodiversité
- Un geste pour la planète : le recyclage et le zéro déchet
- Une science : la science participative en lien avec la mer
- Un entrepreneur : Elon Musk ou Yvon Chouinard, des entrepreneurs qui ont un impact positif sur la planète
- Une innovation : une solution pour absorber le CO²
- Un livre : Le Petit Prince d’Antoine d’Antoine de St-Exupéry ou La fureur de vivre d’Hubert Reeves
- Un leitmotiv : engagez-vous !
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