Rencontre avec Alain Bidart, guide naturaliste polaire
Guide naturaliste spécialiste des oiseaux marins, Alain Bidart parcourt le monde pour observer cette faune si particulière. Une passion qu’il transmet volontiers aux passagers qu’il accompagne durant les croisières. En Islande, il les emmène à la découverte des macareux moines et autres fous de Bassan. Rencontre.
Qu’est-ce qui est le plus étonnant en Islande ?
Ce qui me bouleverse toujours en Islande, c’est la diversité des paysages, entre les côtes herbeuses avec ou sans falaises et, à l’intérieur des terres, des rivières d’eau chaude, des sols noirs, etc. Un tel patchwork sur un territoire peu étendu, c’est incroyable. Si l’on trouve très peu d’oiseaux au cœur du pays, dont les milieux stériles et les sites volcaniques s’avèrent peu propices au développement de la faune, les côtes, en revanche, accueillent de nombreuses espèces d’oiseaux marins et de canards.
Quelles sont les espèces d’oiseaux que l’on peut rencontrer en Islande ? Est-ce que leur observation est aisée ?
Sur les côtes, on peut observer beaucoup de macareux moines. Il existe deux lieux vraiment privilégiés pour les observer. Le premier se trouve sur l’île Grimsey : depuis le haut d’une falaise, auquel on accède après une balade à pied, on peut se délecter du va-et-vient des macareux moines et apercevoir leurs terriers. Le second est l’île Vigur où, aux macareux moines se mêlent alors les sternes arctiques. Mais en Islande, on retrouve également des fous de Bassan, des mouettes tridactyles, le fulmar boréal ainsi que de très beaux canards tels que les arlequins plongeurs ou les Eider à duvet.
Attention cependant ! Nous ne sommes pas là comme en Antarctique, au milieu de centaines de milliers de manchots royaux ! Le nombre est plus restreint, mais suffisant pour garantir de belles observations.
Il y a d’ailleurs une tradition qui se perpétue à propos des Eider à duvet…
Oui, il s’agit d’une pratique que les Vikings utilisaient il y a plus de 1 000 ans. Chez les Eider à duvet, la femelle s’arrache des plumes pour créer un nid douillet pour ses poussins. Une fois le nid abandonné, les hommes récupèrent ce duvet pour en faire des couettes ou des doudounes. Aussi, à Vigur on retrouve des fermes à Eider : les habitants ont installé des murs dans lesquels les canards peuvent nicher.
Pourquoi trouve-t-on tous ces oiseaux en Islande ?
Ce ne sont pas de grands oiseaux migrateurs qui vont traverser la planète. Après la période de reproduction, on en retrouvera certains en Atlantique Nord ou en Méditerranée, toujours au large. Leur présence en Islande est surtout due à la nourriture qu’ils y trouvent, au peu d’activité humaine sur certaines îles et à l’absence de prédateurs tels que les rats qui peuvent s’attaquer aux œufs. Les macareux moines et les fous de Bassan sont aussi des oiseaux très difficiles lorsqu’il s’agit de construire leur nid. Les premiers ont besoin de falaises surmontées d’herbe pour y creuser un terrier. Les seconds vont choisir des falaises sur des îles, avec des rebords bien particuliers. Forcément, quand toutes les conditions sont réunies, ils sont nombreux à se regrouper sur les lieux.
Quel conseil donneriez-vous à des passagers intéressés par l’observation des oiseaux ?
Que ce soit en Islande ou non, qu’ils n’oublient pas d’emporter avec eux des jumelles ! En excursion ou lors d’observations depuis les Zodiac, nous respectons une certaine distance avec les animaux. Pour ne rien rater du spectacle qu’ils nous offrent, une paire de jumelles me paraît alors indispensable. Ensuite, avoir un bon appareil photo me semble important, surtout si l’on veut capturer les instants où les oiseaux évoluent dans les airs.
Crédits photos : © Istock ; Studio PONANT/Doriane Letexier
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