Quand le jazz prend la mer
Créer l’inattendu pour mieux rassembler artistes et publics, c’est ce qui anime Hughes Kieffer, directeur du festival Marseille Jazz des cinq continents depuis 2016. Une philosophie qui, à l’automne 2025, viendra nourrir les esprits et les sens des passagers, le temps de deux voyages PONANT exceptionnels.
Comment définiriez-vous la ligne artistique du festival ?
C’est une ligne tracée depuis 25 ans, depuis la création du festival en 2000. Celle d’un jazz qui s’est historiquement nourri d’une incroyable mixité culturelle. Par essence, le jazz est la musique de l’improvisation, offrant aux musiciens une liberté d’expression sans limites. Et en tant que programmateur, ce que je recherche, c’est cette convergence entre l’expression personnelle, spontanée et sublime de l’artiste, et cette envie de la partager sur scène, entre les musiciens, mais aussi évidemment avec le public. La question de la rencontre entre les artistes et le public est devenue pour moi tout à fait essentielle. Elle est la raison d’être de ce festival.
Quels artistes ont nourri votre vision de la programmation ?
Ce sont mes parents qui, les premiers, ont glissé du jazz dans mes oreilles. Duke Ellington, Charlie Parker, Louis Armstrong, Sarah Vaughan… que des grands ! Et puis un jour, je suis tombé sur The Köln Concert de Keith Jarrett. Un chef-d’œuvre de piano solo. C’est avec cet album que j’ai compris ce qu’est le jazz. Il a été pour moi une révélation. Puis il y a eu ma deuxième rencontre avec Keith Jarrett, mais en trio cette fois-ci. Et s’il m’avait initié à l’introspection, à la recherche en solitaire, sa formation trio m’a révélé ce qu’est profondément l’interaction dans le jazz, l’écoute de l’autre, le dialogue entre les musiciens. Cette liberté de « circulation » entre les artistes, entre les couleurs musicales, c’est ce qui m’enthousiasme dans le jazz et inspire la programmation du festival.
Qu’est-ce qui rend le jazz si fascinant selon vous ?
C’est simple, je suis de ceux qui pensent que le jazz peut sauver le monde ! De par sa capacité à rassembler les artistes et les genres, parfois aux antipodes, à rassembler les publics et les générations. Combien de fois a-t-on entendu dire que le jazz était mort ? Et à chaque fois, il a su ressurgir. Le jazz est mort, vive le jazz ! C’est une musique profondément vivante qui s’adapte, évolue, se nourrit de tous les modes d’expression, de toutes les cultures. Latines, africaines, européennes… C’est en cela que le jazz peut d’une certaine manière « sauver » le monde, en propageant cet état d’esprit rassembleur, universel et pacifique. Une paix active, dynamique, sans cesse en mouvement, capable de dépassionner les combats.
Comment diffusez-vous cet état d’esprit auprès du public ?
Le jazz n’est pas une musique élitiste. C’est une musique qui appartient à tout le monde. Et c’est là toute la responsabilité du festival Marseille Jazz des cinq continents et des festivals en général : ne s’imposer aucune barrière, sortir des sentiers battus, investir des lieux inattendus pour aller à la rencontre de tous les publics. À l’image de notre concert organisé à la Friche la Belle de Mai. Un lieu hybride et pluridisciplinaire de Marseille, plutôt orienté sur la création alternative. Ce concert a vu se rassembler et mélanger deux publics, celui du festival de jazz et celui de la Friche. Une belle réussite pour nous comme pour les artistes.
Quel autre moment fort vous a marqué ces dernières années ?
Un souvenir beaucoup plus intime celui-ci. C’était au Théâtre Silvain, un amphithéâtre de verdure dans le 7ᵉ arrondissement de Marseille. Nous y avions programmé un concert de Chilly Gonzales. Et alors qu’il jouait seul au piano, il a soudain vu des hirondelles passer puis repasser dans le ciel. Et voilà que l’artiste s’est mis à improviser au gré des passages des oiseaux. Et le public de voir se créer devant lui un incroyable dialogue entre les hirondelles et le pianiste. C’est un de ces moments à part où l’artiste, en osmose avec le public, lâche prise pour aller, en toute confiance, au-delà de ses limites et offrir quelque chose en plus. C’est presque de l’ordre de la spiritualité. On est au-delà du seul cadre de la musique, au-delà du festival, au-delà de Marseille. On est ailleurs.
Partir ailleurs… Un point commun entre le festival et PONANT ?
Au départ, je n’étais pas forcément convaincu par cette idée de faire monter le jazz à bord d’un bateau. J’avais des doutes quant aux conditions d’écoute notamment. Et puis je suis monté sur un navire PONANT et j’ai été conquis ! J’ai pris la mesure de l’engagement de la compagnie à faire de chaque voyage une expérience de très haute qualité, où l’écoute et l’échange avec les passagers sont essentiels. J’ai compris qu’on pourrait organiser à bord un véritable festival en mer avec l’opportunité de voir naître une interaction exceptionnelle, au quotidien, entre les musiciens et les passagers. Les émotions suscitées par les paysages se conjuguent à celles de la musique, comme une sorte de fusion entre deux voyages.
À quoi ressembleront ces échanges à bord entre artistes et passagers ?
À terre, dans le cadre du festival, la relation entre le public et les artistes est au cœur de mes préoccupations. Elle l’est davantage encore sur un navire. Si les artistes auront une influence certaine sur le ressenti des passagers, ces derniers, par leur proximité, pourront aussi avoir un rôle à jouer sur les émotions des musiciens et donc sur leur musique. On peut aussi imaginer des moments impromptus entre artistes et passagers. Comme assister à des répétitions, participer à un atelier, écouter les musiciens évoquer leur métier, leurs inspirations… Des moments privilégiés en perspective.
Quels voyages à travers le Jazz avez-vous imaginé avec PONANT ?
Deux itinéraires musicaux sont prévus. L’un en mer Égée, au départ d’Athènes. Nous voguerons au rythme d’une thématique « musique et cinéma ». La musique deviendra la bande originale de l’aventure.
L’autre nous emmènera outre-Atlantique, à la découverte du jazz canadien, d’abord, à Montréal, place forte du jazz contemporain. Un jazz baigné des musiques folkloriques des peuples arctiques. Puis nous mettrons le cap au sud pour plonger au cœur du jazz américain. De Boston et son célèbre Berklee College of Music, d’où sont sortis les plus grands jazzmen actuels, jusqu’à New York, fer de lance du jazz mondial. L’occasion d’aller écouter quelques sessions dans des clubs et de se rendre devant la maison de Louis Armstrong dont l’héritage reste inestimable. Une belle aventure à travers le jazz, le temps et l’espace !
Crédits photos : © VK92 et Clara Lafuente ; ©iStock
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