Toute la beauté et la poésie d’un monde sans fin
Après une première croisière à bord du Lyrial en septembre 2022, Renaud Capuçon embarquera de nouveau en décembre 2024 pour célébrer Noël à bord du navire de haute exploration polaire Le Commandant Charcot : un voyage inédit dans le Grand Nord, au cœur de l’hiver. L’occasion pour le célèbre violoniste français d’évoquer son éternel désir d’apprendre et de parcourir le monde en quête de nouveaux territoires musicaux.
Destin de musicien
Dans la vie, il y a des portes à pousser plus importantes que d’autres. Lorsque, à 4 ans, accompagné de ses parents, Renaud Capuçon ouvre celle du conservatoire de Chambéry, sa ville natale, le jeune Savoyard ne peut encore imaginer à quel point la sienne vient déjà de basculer. « Je lui conseille de choisir le violon, il a une bonne oreille », signale ce jour-là la professeure en charge de l’éducation musicale pour enfants. Qu’il en soit ainsi. « Je n’ai pas eu de révélation, je n’ai pas écouté un disque en pleurant. Ce fut finalement quelque chose à la fois de très organique et très simple qui a changé ma destinée. » Une certitude, tout de même : « La musique aurait fait partie de ma vie d’une façon ou d’une autre ». Renaud Capuçon est aujourd’hui l’un des violonistes solistes les plus sollicités de la scène internationale.
Entre les deux, l’apprenti aura fait ses gammes sur les bancs du Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il entre à l’âge de 14 ans. Cinq années jalonnées de nombreuses récompenses et de rencontres. Celle notamment du chef d’orchestre italien Carlo Maria Giulini dont il suit la direction dès ses 15 ans, au sein de l’Orchestre des Jeunes de l’Union européenne. « Il y avait chez lui une dimension spirituelle très forte », se souvient Renaud Capuçon. Puis vient le départ pour Berlin où il affine ses coups d’archet aux côtés de Thomas Brandis et Isaac Stern, avant de devenir, à 21 ans, premier violon du Gustav Mahler Jugendorchester, sous la prestigieuse baguette du chef d’orchestre Claudio Abbado. Enfin, il y aura Martha Argerich, « une pianiste absolument prodigieuse ». De précieuses rencontres qui auront tout autant façonné l’art de l’artiste que la philosophie de l’homme.
Passeur de passion
« Il n’y a rien de plus beau que de voir de jeunes musiciens développer leur art et prendre leurs aises. J’ai pu apprendre de mes aînés et je veux transmette à mon tour. C’est un cycle merveilleux.». Accumuler les heures de travail pour assouvir un plaisir égoïste n’a aucun sens. Lui, joue pour donner. Pour vivre pleinement les instants partagés d’une rencontre, d’un concert. Devant ses élèves de la Haute École de musique de Lausanne où il enseigne depuis 2014. À travers les trois festivals dont il a la charge : les Rencontres musicales d’Evian, les Sommets musicaux de Gstaad ainsi que le Festival de Pâques d’Aix-en-Provence qu’il a créé en 2013. Ou encore à la baguette de l’Orchestre de chambre de Lausanne qu’il dirige depuis quatre ans maintenant. « Il me faudrait des semaines de douze jours ! », s’enthousiasme l’hyperactif virtuose.
Monter sur un bateau, c’est accepter de lâcher prise. Sans doute l’une des choses les plus difficiles pour un musicien classique. Pourtant, lâcher prise donne une inspiration absolument incroyable.
Il faut savoir larguer les amarres !
Renaud Capuçon
L’expérience ou l’art du doute permanent
Si la passion de ses 20 ans s’est assagie, son expérience la rend d’autant plus intense. « Le jour où je vous dis que j’en ai fini d’apprendre, prévient Renaud Capuçon, il faudra vraiment que je songe à ranger mon violon et à changer de métier. » Il en est profondément convaincu : « on n’a jamais fini d’apprendre ! » 200 fois pourrait-il remettre sur son pupitre la même partition de Brahms ou de Schubert, que 200 fois il en offrirait une interprétation différente. « Tout cela mûrit, évolue avec le temps. Comme un grand vin. » Certes, « j’ai beaucoup plus de maturité et d’expérience que lorsque j’avais 20 ans, mais plus j’avance, moins les choses me semblent figées ». Sa liberté, Renaud Capuçon la puise dans ses doutes, la certitude étant pour lui le signe d’un artiste appauvri en bout de course. « Je revendique le fait de douter de plus en plus. Douter, c’est être libre. Cela me rend plus fort. »
« La musique est un monde sans fin… »
… que Renaud Capuçon ne se lasse pas de parcourir. « J’ai 47 ans, je voyage depuis 20 ans »… 20 ans de pérégrinations à travers le monde. 20 ans d’exploration musicale auprès de son violon, un Guarneri del Gesù, de deux siècles son aïeul – il date de 1737 ! 20 ans de quête d’absolu. Celle de la sonorité idéale. Une quête perdue d’avance, il le sait et l’accepte volontiers. « Chercher sa sonorité, c’est se chercher soi-même. Mais on ne se trouve jamais vraiment complètement. On se trouve, on se perd puis on se retrouve… Tout cela est très subjectif bien sûr mais c’est ainsi que je perçois ma vie d’artiste », confie-t-il. Et c’est ainsi qu’en 2022, en embarquant avec la compagnie PONANT à bord du Lyrial, le temps d’une croisière musicale, Renaud Capuçon et son violon s’élançaient dans ce « monde sans fin », à la découverte de nouvelles contrées, poussé par une intarissable soif d’apprendre. Une nouvelle occasion pour lui d’attiser ce doute créateur qui l’anime tant.
Des bienfaits du lâcher-prise
Cette croisière musicale fut un sacré défi pour ce montagnard d’origine au pied marin encore peu aguerri. Mais Renaud Capuçon a vite vu ses craintes balayées. « Je me suis tout de suite senti à l’aise, en sécurité. Il y avait à bord cet esprit du chic à la française, délicate association de confort et de raffinement. » Et au final, « c’était une expérience unique. En mer, on déconnecte du superflu pour mieux se reconnecter à la nature. À l’essentiel. » Tout devient source de contemplation et d’inspiration. Un paysage grandiose, une lumière, une couleur, un reflet, un parfum… « Passagers comme artistes, on s’élève ainsi tous ensemble face à la beauté des éléments qui nous entourent. » Cette incroyable expérience sensorielle, Renaud Capuçon a appris à la recevoir et à l’apprécier pour mieux la sublimer, en partageant avec les passagers quelques-uns de ses éclats de musique favoris que pouvait lui inspirer la course du navire. Comme un « voyage dans le voyage »…
Décembre 2024 : Renaud Capuçon sublime la magie de Noël à bord
En partenariat avec RADIO CLASSIQUE, Alain Duault et Renaud Capuçon embarqueront sur Le Commandant Charcot pour une croisière de Noël féérique : cap sur le Grand Nord pour un voyage rythmé par plusieurs concerts inoubliables. Ils seront accompagnés par un plateau musical d’exception : Guillaume Bellom (Piano), Guillaume Chillemme (Violon), Adrien La Marca (Alto) et Edgar Moreau (Violoncelle). De nouvelles émotions et de nouvelles inspirations en perspective : départ prévu depuis Helsinki, en Finlande, terre patrie d’un certain Jean Sibelius… Qui sait ? Le compositeur du Grand Nord pourrait bien compter parmi les figures inspirantes de cette nouvelle aventure musicale. Au programme de cette croisière également : 2 conférences proposées par Laurence Ferrari.
Crédits photos : © StudioPONANT-Adrien MORLENT / Thibault Garnierb ; © Simon Fowler
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