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Cheffe d’expédition : quand l’aventure se décline au féminin…

Rencontre avec Florence Kuyper et Delphine Aurès

Dans la lignée des grands aventuriers pour qui le voyage est un mode de vie, une nécessité pour s’épanouir, il y a des femmes qui explorent la planète, motivées par la même passion que leurs homologues masculins. À l’occasion de la Journée de la femme, Escales met à l’honneur Florence Kuyper et Delphine Aurès, toutes deux cheffes d’expédition. Ces amoureuses des pôles évoquent un métier de passion aussi exaltant qu’exigeant.

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Florence Kuyper et Delphine Aurès, cheffes d’expédition PONANT

Comment est née votre passion pour les voyages ? Est-elle ancrée en vous depuis toujours, ou s’est-elle développée avec les années et les expériences ?

Florence Kuyper : Je suis née aux Pays-Bas, dans une famille où voyager au-delà de l’Europe était inenvisageable. Enfant, je voulais devenir agricultrice ou exploratrice. Avec le recul, je m’aperçois que le fil conducteur entre ces deux « vocations », c’est la nature. Elle a toujours été une source d’inspiration pour moi. Et en particulier les grandes étendues… Sans doute parce que je suis originaire d’un pays plat. Mais même si j’ai toujours beaucoup voyagé, c’est seulement après vingt ans de vie professionnelle dans un autre domaine que j’en ai fait mon métier.

Delphine Aurès : Pour ma part, j’ai toujours eu envie de comprendre le monde. Enfant, je rêvais de travailler au milieu de la nature, de découvrir des communautés humaines dans des lieux reculés ou des milieux inhospitaliers. J’étais aussi fascinée par des personnalités comme la primatologue Dian Fossey, et les grands explorateurs.

Quels sont les challenges qui vous passionnent et vous animent au quotidien ?

Delphine Aurès : J’ai été journaliste pendant quelques années. Nous amenions les téléspectateurs dans des lieux reculés où ils ne seraient jamais allés, comme l’ouest des Îles Malouines, les Îles Chatham au large de la Nouvelle-Zélande ou un village isolé posé sur la banquise, à l’est du Groenland… C’est un très bon « entraînement » pour le métier de cheffe d’expédition : même si vous préparez votre reportage très en amont, il reste toujours une part d’imprévu importante qui vous oblige à improviser.

Florence Kuyper : Nous devons être prêts à improviser pour nous adapter à une situation imprévue, comme un débarquement à un endroit donné finalement rendu impossible par des conditions météo ou un amoncellement de glaces. Il faut alors chercher en urgence un plan B, avec un objectif en ligne de mire : les passagers réalisent le voyage de leur vie. C’est à nous de tout mettre en œuvre pour qu’il le soit vraiment. C’est aussi un travail collectif, d’abord avec mon équipe de naturalistes mais également avec les membres d’équipage et les différents services à bord du navire.

Quel est votre sentiment prédominant, lorsque vous voyagez à l’autre bout du monde ?

Florence Kuyper : Le fil rouge entre toutes ces destinations, c’est le sentiment d’immensité, en particulier celui des paysages désertiques. Ils nous renvoient à notre condition de simples visiteurs : on se sent tout petit, sur l’océan ou en Antarctique.

Pouvez-vous nous citer une aventure qui vous a particulièrement marquée ?

Delphine Aurès : À la fin de mes études, j’ai eu l’opportunité de partir pour les Îles Crozet, un archipel situé dans le sud de l’océan Indien, perdu entre Madagascar et l’Antarctique. J’étais l’une des premières femmes à hiverner sur la base Alfred-Faure, entre 1996 et 1998. Nous étions très isolés, les communications avec l’extérieur étaient rares… J’en ai profité pour réaliser des reportages photos que j’ai proposés à une agence de presse scientifique. C’est ainsi que je suis devenue journaliste, un peu par hasard.

En tant que femmes, sentez-vous des différences dans votre façon d’aborder votre métier, par rapport à vos collègues hommes ?

Delphine Aurès : Je ne pense pas. J’attache beaucoup d’importance aux relations humaines au sein de l’équipe et avec les personnels du navire. Par mes compétences, j’ai le sentiment que je contribue, à mon niveau, à lever certains préjugés liés à mon sexe… J’espère montrer aux personnels féminins du navire qu’il est possible d’accéder à des postes à responsabilités.

Florence Kuyper : Le fait d’être une femme apporte peut-être une diversité d’approche du métier, avec une plus grande place accordée à l’émotion et au relationnel. Nous contribuons aussi à une évolution des mentalités : certains passagers sont parfois étonnés de voir des femmes, cheffes d’expédition ou naturalistes, équipées d’un fusil pour assurer notre sécurité lors des débarquements, aux commandes d’un zodiac !

 

 

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