“Se souvenir, car la mémoire apprend – inventer, car l’imagination élargit le réel – rêver, car les rêves mènent loin”. Alain Duault
Dans ses interviews confinement, Escales vous emmène à la rencontre de personnalités régulièrement présentes à bord des navires PONANT. Journaliste, philosophe, artiste ou essayiste, ils vous dévoilent leurs conseils et leurs indispensables pour mieux appréhender la situation.
Vos indispensables en cette période de confinement ?
Des disques (ceux auxquels je reviens sans cesse, La Traviata, Macbeth et La Force du Destin de Verdi, Tristan et Isolde de Wagner, les Trios de Schubert, les Nocturnes de Chopin, le Requiem de Mozart – et puis des découvertes à faire, par centaines…), des livres (ceux qu’on relit sans cesse, les poèmes d’Apollinaire, Rilke ou Aragon, La Montagne magique de Robert Musil, particulièrement en situation, tout Stefan Zweig, et en piquant au hasard chez Oscar Wilde, Milan Kundera – et puis tous ces poèmes qui s’écrivent en ce moment et se publient, d’Ariel Spiegler à Guy Goffette ou Emmanuel Godo, tant d’autres…).
Vos conseils pour bien vivre cette période ?
Maintenir un rythme de vie qui donne le battement de la journée et permet d’être disponible à des émotions nouvelles en faisant des pas de côté par rapport au dess(e)in initial : en faisant du rangement, tomber sur un livre oublié, s’asseoir pour le lire, ou un disque jamais écouté, s’asseoir pour l’entendre. Respirer régulièrement l’air du dehors, y écouter le silence, le murmure inédit des animaux, les oiseaux bien sûr mais d’autres, plus cachés. Avoir des rendez-vous avec ceux qu’on aime, au téléphone, par Internet ou via les réseaux sociaux ; savoir aussi arrêter les babils répétitifs pour se concentrer sur une conversation avec soi-même. Dégustez de bonnes choses, faire un minimum de sport, s’habiller avec soin, même décontracté, ne pas s’avachir devant la télé, ne pas se laisser aller, jamais. Croire que les lendemains rechanteront et s’y préparer avec des projets qui font déjà envie.
Des alternatives pour nourrir sa culture ?
Sortir pour retrouver l’extérieur, toucher un arbre, marcher lentement, écouter le vent qui passe, regarder tomber le jour quand il se referme comme une main. Se souvenir – car la mémoire apprend, inventer – car l’imagination élargit le réel, rêver – car les rêves mènent loin.
Vos projets post-confinement ?
Voyager, voyager, voyager. Retrouver des amis, des amies, des amis d’amies. Aller au concert, à l’opéra, au cinéma, au théâtre, au cirque, au gymnase, au restaurant, au café, au restaurant encore, à deux, à quatre, à plusieurs, à tous les cocktails, aux expositions, dans les jardins, dans les parcs, à la plage, sur les montagnes, dans les forêts. Et lire, et écrire, et rire, et pleurer de bonheur de pouvoir refaire tout cela !
Et pour finir ?
Quand embarque-t-on ?