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Îlot tropical aux Philippines

La Fondation Sulubaaï : le rêve d’une île durable

Zoom sur un projet écologique aux Philippines

A 53 ans, Frédéric Tardieu et sa femme se sont installés aux Philippines sur le minuscule îlot abandonné de Pangatalan, dans l’archipel de Palawan, avec pour mission de restaurer l’écosystème marin et côtier de ce petit paradis, dévasté depuis plusieurs années par les braconniers. Un projet de vie qui a donné naissance à la Fondation Sulubaaï et à un programme écologique désormais reconnu dans le monde entier, soutenu par de prestigieux partenaires et par la Fondation PONANT.

L’archipel de Palawan, sanctuaire de vie marine

Classé réserve de biosphère Unesco, l’archipel de Palawan est l’un des joyaux des Philippines. Il est composé d’une île principale et de plus de 1 700 îlots, un écosystème côtier entre mer et montagne abritant une riche biodiversité : forêts tropicales humides, pics karstiques, récifs coralliens, prairies sous-marines, mangroves, tortues marines, dugongs, requins-baleines… Deux régions exceptionnelles sont classées au patrimoine mondial de l’Unesco : le parc national de la rivière souterraine de Puerto-Princesa et le parc naturel du récif de Tubbataha. Si la majorité de la zone est protégée, certains îlots de l’archipel n’ont pas échappé aux dégâts causés par l’anthropisation. C’est en découvrant ces menaces que Frédéric Tardieu et son épouse ont décidé de se consacrer à la protection de ce fabuleux patrimoine naturel. « Les îles sont les sentinelles des océans, explique-t-il. Il faut les préserver. Là se trouve notre bulle d’oxygène. » 

Vue aérienne sur une baie rocheuse donnant sur un lagon corallien en Nouvelle-Calédonie

Revégétaliser Pantagalan

Pendant deux ans, le couple a joué les Robinson en dormant sous une tente au bord du lagon, sans eau courante ni électricité. Leur premier objectif : nettoyer l’île, réensabler la plage et raccorder l’île en eau potable grâce à un système de pipeline gravitaire sous-marin qui récupère de l’eau de source sur une autre île alimentant au passage un village de 300 habitations, mais aussi redonner vie à la végétation, en plantant près de 50 000 arbres et plantes, en cultivant un immense potager et restaurant la mangrove. Avec les ressources et les artisans locaux formés sur place, ils construisent également leur maison principale et des bungalows en bois recyclé pour loger l’équipe et développer une petite activité d’écotourisme pour aider à financer leurs projets. Petit à petit, la nature renaît sur l’île et le couple se penche désormais sur la restauration de la faune sous-marine, près de la moitié des coraux autour de l’île ayant subi de fortes dégradations, dynamités ou brûlés par le cyanure utilisé par les braconniers. 

Tourisme : jeune dugong nageant au-dessus de récifs coralliens

Un modèle de sauvegarde du patrimoine naturel

Nés il y a 900 millions d’années, les coraux sont les poumons des océans et abritent 25% de la biodiversité marine. Pour restaurer les graves dommages causés aux récifs coralliens autour de l’île et à accroître la résilience de ce système écologique vital, Frédéric Tardieu a beaucoup réfléchi. “Je voulais inventer un plan de restauration, innover. Pendant deux ans, nous avons imaginé une méthode d’implantation de structures sans composants polluants”, explique-t-il. Deux techniques complémentaires ont été déployées : attacher des boutures de coraux sur des socles naturels existants lorsque les conditions le permettent ou utiliser des structures innovantes en béton armé, des récifs artificiels rassemblés en petit groupe qui s’intègrent dans le relief naturel, couvrant ainsi les zones détruites par des pratiques de pêche interdites. Plus de 2500 greffes se sont développées entre 3 et 20 mètres de profondeur et des coraux se sont également installés naturellement, attirant de nouveau la faune marine. Les résultats de l’expérimentation ont été salués par de nombreuses organisations internationales et l’île est devenue un véritable incubateur de projets dédiés à la protection des océans.

La Fondation Sulubaaï, moteur de développement local

En combinant conservation de la nature, tourisme durable, et développement, la Fondation Sulubaaï, est vite devenue un acteur local incontournable. Les pêcheurs illégaux se sont même ralliés au projet, qui leur offre la possibilité de trouver des emplois stables en devenant les gardiens de ces aires marines protégées. La fondation a désormais comme objectif d’ouvrir des fermes aquacoles pour ralentir la pression de pêche dans la baie. Pour transmettre aux futures générations les techniques de protection, de valorisation et de gestion des richesses du milieu corallien, une académie éducative a également été créée. “L’idée est d’ancrer nos méthodes et nos engagements afin de pérenniser nos actions localement ou sur d’autres îles des zones tropicales. Nous ne sommes qu’un exemple parmi tant d’autres, mais nous sommes fiers d’avoir redonné vie à Pangatalan. Je peux me dire : nous, au moins, on l’a fait, ce travail de colibri !”

Des distinctions prestigieuses

Le projet écologique de l’île de Pantagalan a reçu les labels :

  • Île durable, délivré par l’organisation Small Islands (SMILO)
  • Resort Zéro Carbone, délivré par le Conseil Développement Durable de Palawan (PCSD)
  • Biosphere Sustainable Tourism, délivré par le Responsable Tourism Institut (RTI) et ETICO for sustainability

L’île a également été déclarée Hope Spot par l’alliance Mission Blue, une organisation présidée par l’océanographe Sylvia Earle.

Crédits photos : © Fondation Sulubaaï

Tourisme : Nouvelle-Calédonie, vue rapprochée sur le lagon turquoise avec l'île du pin en arrière plan

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