Un archipel tropical en Bretagne
Avec ses eaux turquoise et ses longues plages de sable blanc, l’archipel des Glénan évoque la splendeur idyllique des atolls tropicaux… à quelques milles marins au large du Finistère. Florian Richard, commandant à bord des navires Ponant, nous raconte son coup de cœur pour cette petite Tahiti bretonne.
Un petit air d’atoll polynésien
« Quand on arrive sur les Glénan, on est frappé par la couleur de l’eau, les rochers, le sable. Ce sont des paysages paradisiaques, tropicaux. » Ils sont nombreux ceux qui, comme Florian Richard, se sentent presque déboussolés en abordant l’archipel. Et surtout en découvrant « la chambre » : une petite mer intérieure, protégée par quatre îles, dont les eaux cristallines évoquent celles des lagons du Pacifique. « Mais avec l’air frais et l’odeur de la Bretagne en plus ! », précise le commandant. Un mélange unique qui fait des Glénan une escale inoubliable. Les amoureux de la mer ne s’y sont pas trompés, puisque l’archipel accueille chaque été les moniteurs et les élèves de la plus grande école de voile d’Europe… justement baptisée « Les Glénans ».
Un ancien repaire de corsaires
Si elles sont aujourd’hui inhabitées, les neuf îles de l’archipel ont longtemps été occupées par des moines, des pêcheurs et des moutons. Du XVe au XVIIIe siècle, elles servirent aussi de repaire à de nombreux pirates attirés par les navires marchands en route vers la Bretagne sud. Avec ses criques abritées et ses rochers affleurants, l’archipel était en effet le lieu idéal pour se livrer au pillage et se cacher des autorités. « Les corsaires attiraient les bateaux sur les récifs pour les faire échouer, puis s’emparaient des cargaisons », explique Florian Richard. Si certains forbans agissaient pour leur propre compte, d’autres étaient officiellement employés par la couronne française, notamment lors des guerres avec l’Angleterre. Les Glénan ont donc joué leur rôle historique dans la défense des côtes bretonnes. Aujourd’hui, les pirates ont disparu, mais les récifs existent toujours : la navigation autour de l’archipel est réservée aux marins chevronnés.
Une faune et une flore préservées
Site naturel classé en 1973, l’archipel est devenu un véritable sanctuaire pour plusieurs espèces naturelles protégées. C’est notamment le cas du narcisse des Glénan, une petite fleur blanche identifiée en 1803 par un pharmacien quimpérois et considérée comme l’une des plus rares d’Europe. Attention, sa cueillette est interdite ! Les oiseaux ne sont pas en reste, puisque les îlots de l’archipel accueillent de nombreuses espèces aviaires, comme le goéland, la sterne, le très rare gravelot à collier interrompu, et le fou de Bassan.
Afin de garantir la conservation de cet environnement sauvage, l’archipel favorise le tourisme écoresponsable et n’accueille les visiteurs qu’en journée. On est loin d’une ambiance balnéaire : pas d’hôtel, pas de thalassothérapie, pas de voitures ni de vélos. En revanche, la marche et la baignade sont à l’honneur, et la clarté paradisiaque des eaux de « la chambre » fait le bonheur des amateurs de kayak ou de paddle. Sur la mer, les plaisanciers profitent d’un calme rare et d’un cadre naturel parfaitement préservé. “Nous avons à cœur de mettre en valeur notre patrimoine naturel. L’expertise de PONANT est déjà reconnue, mais dans ces lieux que nous connaissons parfaitement, elle est décuplée », précise Florian Richard.
Le fort Cigogne, un trésor du patrimoine architectural
Situé au cœur des Glénan, sur le point le plus élevé de l’archipel, le fort Cigogne est un témoignage du passé militaire de la région. Actif au XVIIIe siècle, il avait pour fonction principale de protéger les navires français des attaques des corsaires anglais et hollandais qui croisaient dans la région. Abandonné par les troupes au XIXe siècle, il devient station météo, site naturel classé, puis lieu d’accueil saisonnier pour les pêcheurs et l’école de voile des Glénans.. Il est aujourd’hui en cours de restauration. Et si son nom vous fait supposer qu’il y a des cigognes aux Glénan… c’est une erreur bien compréhensible ! L’appellation du fort viendrait plutôt du breton “seiz kogn”, qui signifie “sept coins”, l’ancien nom de l’île à l’époque où l’archipel appartenait à l’abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys.