Deuxième ville de l’archipel du Cap-Vert, Mindelo fait la fierté de l’île de São Vicente. Au creux d’une baie cerclée de collines, elle est la capitale culturelle de ce chapelet d’îles au large du Sénégal… et la terre natale de la chanteuse Cesária Évora. Cette terre sur laquelle la « Diva aux pieds nus » aura fait rayonner plus que la musique, l’âme tout entière du Cap-Vert.
« Petit pays, je t’aime beaucoup »
C’est un jour d’été, le 27 août 1941, que Cesária Évora a vu le jour à Mindelo. Et c’est un jour d’hiver, le 19 décembre 2011, toujours à Mindelo, qu’elle s’est éteinte. Elle avait 70 ans et laissait derrière elle quelque 400 000 âmes cap-verdiennes orphelines. Maintenue sous le sceau de la misère et du mépris pendant les cinquante premières années de sa vie, Cesária Évora aura consacré les vingt dernières à porter au plus haut les couleurs du Cap-Vert, jusqu’à en devenir l’ambassadrice et l’incontournable tête chantante. C’est grâce à elle si ces petits éclats de terre dérivant à 500 km des côtes sénégalaises rayonnent désormais à l’international. Grâce à elle si ces îles charment leurs visiteurs de leurs beautés sauvages, de leurs couleurs chaleureuses et de leur métissage de cultures. À l’image de Mindelo. À l’image de Cesária…
Mindelo, la musicienne
Atterrir à Mindelo, c’est arriver « chez » Cesária Évora. L’aéroport international porte son nom. Son buste de bronze vous y accueille. Vous la retrouverez également sur les billets de 2000 escudos. Vous en croiserez les portraits accrochés aux murs des bars et cabarets où elle a chanté. Là où, au fil de ses mornas et autres coladeiras, la « Diva aux pieds nus » n’a eu de cesse de clamer de sa voix rauque son amour pour son « petit pays ». D’en célébrer sa morabeza, cette saudade cap-verdienne, touchant croisement de mélancolie, de nostalgie et d’espoir. Parmi ses plus grands hymnes, on pense à Sodade justement mais aussi à Petit pays, Sangue de Beirona, Bondade e maldade, Angola ou encore Carnaval de São Vicente… Un carnaval organisé chaque année la semaine qui précède Mardi Gras, synonyme de jours de fête et d’intense ferveur musicale. Sans aucun doute la meilleure occasion pour prendre le pouls de Mindelo, la musicienne.
Mindelo, la portugaise
Merveilleuse complainte que la Sodade de Cesária Évora. Plus qu’une chanson, un acte politique. L’histoire d’une séparation, celle de deux amants : l’un reste au Cap-Vert, sur l’île de São Nicolau, tandis que l’autre s’en va pour São Tomé-et-Principe, cet autre archipel au large du Gabon. De nombreux Cap-Verdiens y étaient exilés de force par les colons portugais pour travailler dans les plantations de cacao. Cette présence coloniale portugaise, vous en retrouverez partout les stigmates en vous baladant au fil des rues pavées de la ville. À l’image des pourtours de la place Amilcar Cabral qui s’anime le soir venu, ou de la rue Libertad d’Africa, souvent appelée rue de Lisboa… Sur l’avenue Marginal, au bord de la baie de Porto Grande, ne manquez pas la tour de Belém, réplique de sa sœur lisboète. Anciennement bureau des douanes du port, elle fait aujourd’hui office de musée de la Mer. Au cœur de la ville, s’élève également l’emblématique palacio do Povo, l’ancien palais du gouverneur portugais, rebaptisé palais du Peuple après l’accession à l’Indépendance de l’archipel en 1975. À l’intérieur, notamment, un hall d’exposition consacré à… Cesária. Et à deux pas du palais, ne manquez pas le marché couvert élevé à la fin du XIXe siècle, haut lieu de vie, de couleurs et de saveurs cap-verdiennes.
A gauche : L’église de Nossa Senhora da Luz à Mindelo, île de Sao Vicente, Cap Vert
Mindelo, la belle
Il ne vous faudra certainement pas plus d’une promenade et d’un coucher de soleil le long de la plage de Laginha, au nord du port de Mindelo, pour saisir toute la beauté de ce « petit pays ». Prenez de la hauteur et élevez-vous jusqu’aux ruines du Fortim do Rei, vieux fort abandonné, pour profiter d’une vue panoramique magnifique sur toute la baie de Mindelo, l’une des plus belles du monde. Devant vous, les façades colorées de la ville, son port et, au loin, les reliefs de l’île de Santo Antão. Belle de l’intérieur, Mindelo est aussi belle de l’extérieur. N’hésitez pas à quitter la ville, le temps d’une escapade « hors les murs ». Jusqu’à la plage de sable blanc de São Pedro, plus sauvage, au sud-ouest de São Vicente. À l’opposé, à l’est de l’île, rendez-vous à Praia Grande ou dans les petits villages côtiers de Calhau ou de Baía das Gatas, dont, soit dit en passant, là encore, le festival de musique qui se tient au mois d’août est une véritable institution à la notoriété internationale. Notoriété qui doit beaucoup, vous vous en doutez, à la grande dame du peuple Cesária Évora.
La Baie de Laginha à Mindelo, île de Sao Vicente, Cap Vert
Pour finir, les mots de Manuel de Novas, autre emblème de la musique cap-verdienne, grand ami de Cesária pour qui il avait composé une poignée de mornas : « Celui qui ne connaît pas Mindelo ne connaît pas le Cap-Vert. »
PONANT vous y emmène
Partez vous aussi à la découverte du “petit pays”, dans les pas de Cesária Évora.