Un trésor archéologique australien
Les plus anciennes peintures rupestres aborigènes découvertes à ce jour ont été datées de manière fiable à plus de 17 000 ans. Cette tradition ancestrale donne un aperçu des coutumes et des modes de vie des Premières Nations d’Australie. Mick Fogg, photographe et Directeur des expéditions pour la région Asie-Pacifique, nous guide à travers cette histoire mystérieuse.
La plus ancienne forme d’art
En Australie, l’art rupestre fait partie intégrante de la vie et des coutumes des Premières Nations. « De nombreux sites sont considérés comme sacrés et sont protégés en vertu de la loi sur la préservation de l’environnement et la conservation de la biodiversité », précise le Directeur des des expéditions Asie-Pacifique. « La plus ancienne peinture rupestre représentant un kangourou dans le style “naturaliste” de la région du Kimberley date de 17 300 ans. Elle précède les représentations humaines complexes connues sous le nom de Gwion Gwion ou Gyorn Gyorn, qui datent de 12 000 ans au moins », explique Mick Fogg. À mesure que la technologie de datation s’améliore, l’art aborigène continue de révéler des peintures bien plus âgées. « Certaines sont même considérées comme étant au moins cinq fois plus anciennes que les hiéroglyphes égyptiens, précise Mick Fogg. Il s’agit donc des plus anciens motifs anthropomorphiques au monde, illustrant la façon dont les humains vivaient et pensaient sur le continent australien à leur arrivée il y a entre 65 000 et 80 000 ans.»
Des découvertes permanentes
Des centaines de milliers de sites ont déjà été répertoriés, mais on estime qu’il en existe des dizaines de milliers d’autres à découvrir dans la seule région de Kimberley. En février 2021, une peinture rupestre aborigène datant d’environ 17 300 ans représentant un kangourou a été découverte. Sa datation a été déterminée grâce à l’analyse de nids de guêpes fossilisés près de des pigments.
Symboles et techniques
« Ces images représentent généralement le temps du rêve (temps de création), les animaux totémiques, les rituels, les coutumes ou les traditions », indique Mick Fogg. Elles se présentent sous deux formes principales : les gravures (pétroglyphes) et les peintures ou dessins (pictogrammes). Les gravures sont obtenues en enlevant la roche par piquage, martelage ou abrasion afin de laisser une impression négative. Les pictogrammes sont réalisés en appliquant de la cire d’abeille, de la résine spinifex ou des pigments sur la roche. Les types de pigments les plus courants comprennent une variété d’ocres, de charbon de bois, d’argile et de craie. On trouve trois principaux types de motifs, qui se déclinent à l’infini selon les cultures et les préférences des artistes : des empreintes de mains, pochoirs négatifs réalisés en soufflant des pigments humides par la bouche, des formes géométriques (cercles, arcs, points, formes d’animaux), des formes figuratives humaines ou animales.
À chaque région ses trésors
On trouve des centaines de milliers de sites d’art rupestre en Australie, notamment dans le désert central, le cap York, la Terre d’Arnhem, la péninsule de Burrup (avec plus d’un million de pétroglyphes) et le Kimberley. « Chaque région possède ses styles les plus représentatifs, comme les Quinkans du cap York, le Serpent arc-en-ciel et les dessins « radiographiques » de la Terre d’Arnhem, et les styles Wandjina’s et Gwion Gwion typiques de la région du Kimberley, une vaste région (deux tiers du territoire français), qui abrite à elle seule plus de 500 000 sites », souligne Mick Fogg.
Wandjina et Gwion Gwion
L’art rupestre de Gwion Gwion représente des figures humaines finement peintes avec de nombreux détails : vêtements, lances, boomerangs, sacs dilly et ornements.
Les peintures Wandjina illustrent les esprits des ancêtres sous forme anthropomorphique avec des coiffes en forme de halo, des visages sans bouche avec de grands yeux ronds, placés de part et d’autre d’un nez ovale. Les Wandjina restaurent continuellement ces peintures qui assurent le renouvellement annuel du cycle des saisons et des périodes de fertilité.
Crédits photos : © Studio PONANT ; © Mick Fogg
PONANT vous y emmène
Cap sur les trésors de l’Océanie