Une liberté flamboyante
Célébration culturelle époustouflante, le carnaval aux Caraïbes réunit les îles de la région dans un tourbillon de couleurs, de musiques et de festivités. C’est l’un des événements les plus attendus de l’année : habitants et visiteurs s’y mêlent dans la danse et la bonne humeur pour une joyeuse catharsis. Escales vous y emmène pour (re)découvrir une tradition bien plus riche qu’on ne l’imagine. Une fête aux multiples facettes qui dessine en creux la culture caribéenne.
Petite histoire du carnaval
Comme de nombreuses fêtes, le carnaval (« kannaval » en créole) est né d’un syncrétisme entre célébrations religieuses et païennes. Il puise notamment ses racines dans des festivités datant de la Rome antique, telles les Saturnales, où les esclaves devenaient maîtres, et vice-versa. Avec l’avènement du christianisme, les célébrations païennes renaissent avec un vernis religieux. Dès lors, le carnaval se termine toujours le soir de Mardi gras, dernier moment de plaisirs terrestres avant 40 jours de jeûne pour le carême. En Guadeloupe et en Martinique, « carnaval » et « Mardi gras » sont d’ailleurs parfois utilisés comme synonymes.
Aux Caraïbes… un exutoire pour les esclaves
Cette fête s’installe aux Caraïbes au XVIIe siècle. Progressivement, les esclaves se l’approprient, la mélangeant avec leurs cultures africaines (percussions, danse, chants…). Ce moment suspendu, véritable exutoire, leur offre une bouffée d’oxygène. Le temps de la fête, l’ordre des choses est inversé, le chaos roi, la réalité quotidienne et les rôles traditionnels suspendus.
La déraison comme règle
Aujourd’hui, le caractère religieux du carnaval caribéen s’est estompé. Sur certaines îles, il n’est même plus fêté autour de Mardi gras : le carnaval commence en mai aux Bahamas, et en juin à Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Le caractère festif et cathartique, lui, n’a pas pris une ride. Les îles apparaissent dans toute leur flamboyance : compétitions de steel band à Sainte-Lucie, paillettes à gogo en Jamaïque… Les Caraïbes ne sont que liberté, musique et fête durant carnaval… Et cela demande un investissement de tous.
On donne ici le signal que chacun peut être aussi déraisonnable et fou qu’il le souhaite, et qu’en dehors des horions et des coups de couteau, tout est permis. La différence entre les grands et les petits semble abolie pendant un instant. L’impertinence et la liberté réciproques sont contrebalancées par une bonne humeur générale.
Encore aujourd’hui, les mots utilisés par Goethe en 1816 pour dépeindre le carnaval de Rome brossent un tableau fidèle de l’atmosphère des carnavals contemporains aux Caraïbes.
La fête, c’est du travail !
Les préparatifs pour le carnaval commencent des mois à l’avance pour créer des costumes spectaculaires, des chars colorés et des chorégraphies enlevées. La confection des minutieuse des costumes par des couturiers talentueux donne vie aux tissus chatoyants, perles, plumes et autres ornements pour offrir des créations uniques. Des artistes construisent des chars allégoriques : des scènes qui évoquent souvent l’histoire, la culture ou à la politique locale. Enfin, la musique et la danse jouent un rôle central dans le carnaval caribéen. Les rythmes enjoués du calypso, de la soca, de la salsa et du reggae envahissent les rues et enflamment les foules.
Le bestiaire du carnaval caribéen
Chaque année, un nouveau roi du carnaval symbolise une thématique liée à l’environnement, à la société ou à la politique. Ce « roi Vaval » est présent tout au long du carnaval, jusqu’au mercredi des Cendres lorsqu’il il est brûlé avant le début de la période de carême. Sa cour est éclectique, constituée de personnages hauts en couleur : diablotins, mariés burlesques, pleureuses… Certaines figures sont très légères, comme les « malpwòps » (hommes portant des sous-vêtements féminins ou des tenues très sexy), d’autres plus sérieuses, parfois avec des vertus commémoratives, tels les « Nèg’marrons » (esclaves fugitifs ayant formé des communautés libres).
Un condensé des cultures des Caraïbes
En somme, le carnaval aux Caraïbes est bien plus qu’une simple fête. C’est une célébration vibrante qui reflète la richesse culturelle, la diversité et la joie de vivre de la région. À travers danses enivrantes, musiques entraînantes et costumes somptueux, le carnaval offre un aperçu captivant de l’identité caribéenne. C’est une occasion unique de se plonger dans une expérience sensorielle inoubliable, où la passion et la créativité se rejoignent pour former une célébration époustouflante.
Crédits photos : ©iStock
PONANT vous y emmène
Embarquez vers des rivages ensoleillés