Anaga : dans la forêt primaire de Tenerife

Pays des merveilles au cœur de l’océan Atlantique

Au nord de Santa Cruz de Tenerife, la capitale, et à quelques minutes de l’historique San Cristobal de la Laguna s’élève une oasis de verdure et de fraîcheur : les monts Anaga, espace naturel protégé et formidable terrain d’exploration pour les amoureux de randonnées et de paysages sauvages.

Forêt de Tenerife : les lauriers de la gloire

Occupant une grande partie du massif montagneux, le parc rural d’Anaga abrite l’un des derniers vestiges de forêt laurisilva (ou laurifère), l’une de ces forêts primaires qui en Europe, à l’ère tertiaire, recouvraient l’ensemble du bassin méditerranéen. Un véritable joyau préhistorique ! Une forêt aux sols profonds, caractéristique des versants nord, où s’enchevêtrent lauriers arborescents et immenses bruyères, fougères, mousses et lichens. Et jaillissant de cette végétation luxuriante, des formations géologiques tout aussi époustouflantes : des aiguilles, des falaises, des ravins escarpés, mais aussi d’anciennes cheminées volcaniques érodées (roques), des lames de roche magmatique (dykes) à l’origine infiltrée entre deux masses rocheuses qui, sous l’action de l’érosion, se dressent désormais tels des murs. Et pour parfaire le décor, traversé par des alizés chargés d’humidité, le massif d’Anaga se retrouve bien souvent nimbé de brouillard, finissant de donner à sa forêt son aura féerique et mystérieuse.

Un sanctuaire de la biosphère

Anaga, c’est une réserve naturelle à la biodiversité si généreuse qu’elle a été classée « Réserve de biosphère » par l’Unesco en 2015. De par ses reliefs accidentés associés à sa grande variété de microclimats, le parc rassemble en effet une incroyable diversité d’habitats naturels. On y trouve ainsi la plus grande concentration d’espèces endémiques de toute l’Europe. Dans les airs ou sous l’eau, à l’abri dans l’épaisse forêt de lauriers ou aux sommets dégarnis des montagnes ont été répertoriées pas moins de 800 espèces de faune et de flore uniques au monde. Parmi elles, notamment, les euphorbes des Canaries, les genévriers de Phénicie et autres incontournables dragonniers, perchés sur leurs inaccessibles rochers. Côté faune, on y dénombre une centaine d’invertébrés endémiques ainsi que des reptiles tels que le bien nommé lézard de Tenerife. Vous y trouverez également de nombreux oiseaux : plus de 200 espèces survolent l’île chaque année.

Les Monts Anaga : le paradis des randonneurs

C’est à pied qu’il vous sera sans doute donné d’apprécier au mieux toutes ces merveilles naturelles du parc rural d’Anaga. D’innombrables sentiers de randonnées le sillonnent de long en large et surtout de bas en haut. Entre le circuit de quelques heures et la randonnée à la journée, il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux. C’est à Cruz del Carmen que tout se décide, centre d’accueil et passage obligé avant de vous lancer. Ici une promenade tranquille sur le sentier du Bosque Encantado, dans la zone protégée d’El Pijaral, au cœur de la forêt primaire avec, au passage, un joli point de vue depuis le mirador de Cabezo. Là une boucle depuis le hameau de Chamorga en passant par le village de Roque Bermejo. Sur votre chemin, agaves, figuiers de barbarie, palmiers et dragonniers… et une vue sur les célèbres Roques d’Anaga, deux pitons rocheux surgissant de l’océan à la pointe est de l’Anaga. Là encore une randonnée plus exigeante entre Afur et Taganana mène  à un superbe chemin à flanc de montagne avec vue sur l’océan. En cheminun vallon, au pied des falaises, permet de  rejoindre la plage sauvage de sable noire de Tamadiste. Si pluie et température peuvent tomber vite et fort, rassurez-vous, le soleil finit toujours par percer. C’est d’ailleurs ce qui fait la magie de ces belles échappées dans l’Anaga. Il s’agit simplement de partir bien équipé avec gros pull et cape de pluie d’un côté, maillot de bain et crème solaire de l’autre.

… parcourir la route des crêtes en voiture ou en « guagua », le bus local. Depuis San Cristobal de La Laguna, elle traverse le massif le long d’un tracé (très) sinueux, au gré de panoramas hauts en couleur (et parfois en altitude !). Une succession de lacets mène  notamment au sommet du mont de Las Mercedes, jusqu’au Pico del Inglès, à 960 mètres. Par temps clair, le spectacle est époustouflant : la mer de chaque côté, Santa Cruz en contrebas et au loin, les 3 715 mètres du Teide.

Des villages et des hommes

On parle de « parc rural d’Anaga » et non de « parc naturel »… Pourquoi « rural » ? Car, outre la protection et la valorisation de sa nature, est aussi prise en compte la préservation des habitats des quelques villages et hameaux lovés au cœur du massif d’Anaga. On en dénombre tout de même 26. L’occasion de découvrir de pittoresques îlots de maisons accrochées à la montagne et à l’architecture singulière, d’aller à la rencontre de leurs habitants et des traditions qu’ils ont su préserver. Ils y mènent essentiellement une vie agricole, partagée entre vignes et vergers, cultures de pommes de terre, de patates douces et d’ignames.

Au nord, avec ses maisons blanches disséminées à flanc de montagne et ses ruelles abruptes, le hameau de Taganana compte parmi les plus pittoresques de l’Anaga et à ses pieds, en descendant vers la côte, se trouve la jolie plage de Benijo. Au sud, ne manquez pas San Andrés, l’une des plus anciennes colonies de peuplement de l’archipel des Canaries et son incontournable playa de Las Teresitas, l’une des seules étendues de sable doré de Tenerife, à deux pas de Santa Cruz.

Crédits photos : © Istock

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