Pipaluk Ostermann

Ambassadrice passionnée d’un Groenland méconnu

Blanc et froid. C’est l’idée que l’on se fait du Groenland. Mais le pays a bien plus à offrir, comme en témoigne Pipaluk Ostermann. Née à Nuuk, la capitale, elle a grandi dans plusieurs villes emblématiques, telles Ilulissat ou Urpernavik, avant de venir découvrir la France pendant quelques mois. Rencontre avec une jeune femme au calme communicatif, à la fougue tranquille.

On imagine souvent le Groenland comme une terre complètement blanche et froide. Est-ce le cas ?

Il y a beaucoup de neige en effet, et les hivers sont longs ! D’ailleurs, en hiver, on attend l’été avec impatience. Mais dès qu’il fait un peu trop chaud, on prie pour que l’hiver revienne. Contrairement à ce que l’on peut penser, on n’a pas spécialement froid et on vit beaucoup dehors. Il n’y a pas de problème d’insécurité, du coup les enfants sont très indépendants : ils vont seuls à l’école. Après la classe, ils se rendent à leurs activités sportives ou culturelles à pied, en toute autonomie. Ils jouent beaucoup dehors aussi. La plupart des villes sont petites, tout le monde se connaît. On est proches, on passe du temps entre amis, on se sent très libres.

Les Groenlandais ont-ils un style de vie proche de la nature ?

Oui, elle joue un rôle très important dans notre quotidien. Beaucoup d’entre nous chassent et pêchent en famille. C’est l’occasion pour les enfants d’apprendre le respect de la nature. C’est elle qui nous prodigue l’essentiel de notre nourriture, car nous mangeons beaucoup de viande pour nous protéger du froid. Dans la plupart des endroits, les gens se nourrissent de ce qu’ils chassent, ils ne vont pas au magasin. Mais il y a des règles et des quotas à respecter. Beaucoup de Groenlandais possèdent aussi des maisons d’été, sortes de petits chalets isolés dans la nature, où ils se rendent en famille. Il n’y a ni eau, ni électricité. On vit en harmonie avec notre environnement.

Justement, les questions environnementales sont-elles un sujet qui préoccupe les habitants ?

On ressent les effets du changement climatique, mais ce n’est pas vraiment un sujet de débat. On constate et on agit en fonction. Notre peuple a toujours vécu ainsi, en s’adaptant aux aléas naturels. Le réchauffement de l’eau a permis à de nouvelles espèces de poissons de se développer dans le Nord, ce qui est un plus pour les habitants de ces régions. En même temps, le point négatif, c’est qu’il n’y a pas autant de glace qu’avant, alors il faut aller chasser encore plus loin, avec des équipements et des bateaux plus sophistiqués. Comme je l’ai dit, on s’adapte.

Dans un monde qui change si rapidement, comment faites-vous pour perpétuer vos traditions ?

Nous respectons beaucoup nos anciennes traditions, et ce quelles que soient les générations. Notamment les danses traditionnelles accompagnées de tambours. Le tourisme permet aussi de continuer à partager certaines de ces coutumes : les Groenlandais s’entraînent et revêtent des costumes ancestraux pour les partager avec les étrangers. Ils sont fiers de ces traditions, fiers de les montrer.

Comment les Groenlandais perçoivent-ils les voyageurs qui viennent visiter leur pays ?

On reste à l’abri du tourisme de masse et les visiteurs sont respectueux de la nature. Ils ne s’aventurent pas seuls dans des lieux qu’ils pourraient endommager.

Les enfants adorent aller à leur rencontre et se faire prendre en photo. Les anciens interagissent moins. Cependant, ils présentent souvent des pièces d’artisanat qu’ils fabriquent eux-mêmes : gants en peau de phoque, bijoux en perles de verre ou les Tupilaks, ces petites statues polymorphes, sculptées dans les bois de caribous.

Si vous ne deviez recommander qu’un seul endroit à visiter, quel serait-il ?

Je dirais qu’il faut absolument aller à Ilulissat où l’on peut observer certains des plus gros icebergs du monde. D’ailleurs, en groenlandais, « ilulissat » signifie iceberg. On nomme souvent les lieux ainsi, en fonction de ce qu’ils représentent. Tous ces blocs de glace, toutes ces couleurs bleutées qui se teintent d’orange au coucher du soleil… C’est poétique, c’est merveilleux.

Le Groenland est un pays constitutif du royaume du Danemark, associé à l’Union européenne. Pourtant, on a l’impression que les Européens, comme  le reste du monde, ont une méconnaissance de votre pays…

C’est vrai ! Beaucoup de Groenlandais parlent plusieurs langues, dont l’anglais et le danois. On connaît beaucoup de choses du reste du monde, surtout grâce aux réseaux sociaux. En revanche, on a l’impression que le reste du monde ne nous connaît pas ! Quand on se rend au Danemark, il y a une vraie ignorance à propos de notre culture notamment. Beaucoup de personnes sont très surprises de découvrir notre pays.

À ce sujet, vous avez un projet. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il s’agit de présenter dans un livret un portrait du Groenland moderne, rédigé par une Groenlandaise, pour répondre aux questions les plus récurrentes que l’on me pose lorsque je suis à l’étranger.

Beaucoup de gens pensent encore que nous sommes seulement une nation de chasseurs de phoques en fourrure et que le WIFI n’est pas arrivé jusqu’à nous… Cela ne nous choque pas et renforce plutôt notre sentiment d’avoir une culture bien à nous, unique et particulière. Au reste du monde de venir la découvrir.

• Des habits chauds : en été, si vous avez prévu de naviguer, le vent est froid sur l’océan.
• Un anti-moustique vous évitera bien des désagréments !
• Des chaussures chaudes, mais pas trop lourdes pour ne pas vous fatiguer trop vite en balade. 
• Des lunettes de soleil contre la réverbération.
• Des gants.
• Un bon appareil photo.

Les Groenlandais sont toujours prêts à aider en vous prêtant ou en vous louant une parka ou le matériel qui pourrait vous manquer.

Crédits photos : © Istock / ©Studio PONANT-Morganne Monneret / ©Studio PONANT-Nath Michel

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