Le point Nemo… rien à voir avec un repaire de poissons-clowns ! C’est le terme scientifique pour désigner le « pôle maritime d’inaccessibilité », soit le point de l’océan le plus isolé de toute terre émergée. Un endroit du Pacifique Sud sans personne à moins de 2 700 km, qui n’a pas fini de révéler ses mystères…
Situation géographique du point Nemo
En latin, le mot « nemo » signifie « personne ». Par sa situation géographique, le « pôle maritime d’inaccessibilité », éloigné de toute vie humaine et des terres émergées, porte bien son nom de point Nemo. Pour les spécialistes de navigation, ce lieu se situe à la latitude 48° 52’ 31’’ Sud et à la longitude 123° 23’ 33’’ Ouest.
Pour se représenter l’immensité de la zone, il faut comprendre que, depuis le Point Nemo, il n’y a aucune terre à 2 700 kilomètres à la ronde. L’île Ducie dans l’archipel des Pitcairn (direction nord), celle de Motu Nui, voisine de l’île de Pâques, direction nord-ouest et l’île Maher, en Antarctique, au sud sont les territoires les plus proches. À l’ouest, on doit naviguer jusqu’à l’île Chatham, en Nouvelle-Zélande, ou jusqu’au Chili, à l’est pour trouver âme qui vive.
Une zone morte biologiquement ?
Le point Nemo désigne en réalité une étendue maritime du Pacifique Sud qui équivaut environ à 34 fois la superficie de la France, dans laquelle la vie marine ne se serait que très peu développée : l’éloignement et des courants marins trop faibles expliquent l’absence de nutriments aquatiques, nécessaire à l’apparition d’une faune plus conséquente.
Les scientifiques souhaiteraient en apprendre davantage sur les mécanismes océaniques et les fonds de cette région. Le pôle maritime d’inaccessibilité a en effet été fixé sur papier, par déduction, en 1992, et n’a pas vraiment fait l’objet d’exploration depuis.
Un point essentiel pour le domaine spatial
Les humains qui approchent au plus près du point Nemo n’y viennent pas en bateau : ce sont les astronautes de la Station Spatiale Internationale, qui en survolant la zone, se trouvent à moins de 400 kilomètres de celle-ci…
Au-delà de cette anecdote, les agences spatiales connaissent bien le point Nemo : elles l’utilisent dans leur calcul de trajectoire et leur processus de “désorbitation”. C’est en effet là que les objets spatiaux en apesanteur finissent leur existence. La station soviétique Mir, par exemple, a été projetée vers le pôle maritime d’inaccessibilité, pour éviter que les débris générés par l’entrée dans l’atmosphère n’occasionnent des dommages à terre.
Un véritable cimetière spatial s’est ainsi constitué au fil des années autour du point Nemo.. Si la NASA privilégie cette méthode pour marquer la fin définitive de la Station Spatiale Internationale (elle doit être démantelée ou reconfigurée en 2024), c’est bien entendu dans cette région du Pacifique Sud que l’agence américaine précipitera les modules du fer de lance actuel de l’astronomie orbitale.
Le point Nemo, un théâtre de fiction
C’est bien sûr en référence au capitaine Nemo, personnage principal de 20 000 lieues sous les mers que le point de l’océan le plus éloigné des terres a été nommé. Le roman de Jules Verne décrit ce marin comme un misanthrope, fuyant la compagnie des hommes en voguant à bord du submersible LeNautilus.
L’idée d’un lieu aussi reculé dans l’océan a depuis fait florès dans la littérature. L’auteur fantastique américain H.P. Lovecraft a situé la cité fictive et isolée de R’Lyeh, où serait enfermé le démon Cthulhu,dans un point assez proche du Pacifique Sud.Plus récemment, le groupe virtuel Gorillaz, création du chanteur anglais Damon Albarn, a situé à la latitude et la longitude du point Nemo le continent de Plastic Beach, album consacré, à la préservation des océans !