Jacques Rougerie

L’architecte et la mer

Fidèle invité d’honneur de la compagnie, Jacques Rougerie est le concepteur du Blue Eye, un salon sous-marin unique au monde qui équipe les navires de la série PONANT Explorers. Partagez la vision de la mer d’un poète aux idées visionnaires, architecte « mérien » et bâtisseur du présent.

La naissance d’un rêve

Au départ, il y a une « intuition ». De celles qui traversent parfois un musicien ou un peintre. Un pressentiment survenu lors de son enfance africaine. Onze années passées le long des rivages de Côte d’Ivoire, à Abidjan, entre forêt vierge, lagunes et océan. « Aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, les premières images qui me reviennent sont celles de cette enfance passée face aux lagunes bordées par la forêt vierge et face à l’océan. C’est un imaginaire qui s’est ancré en moi qui fait que j’ai toujours eu par la suite une relation très puissante et charnelle avec l’eau. »

D’un monde du silence à l’autre

Plus tard, aux côtés de son père géographe explorateur, Jacques Rougerie est amené à côtoyer des personnalités telles que Paul-Émile Victor, Théodore Monod et Jacques-Yves Cousteau. De quoi amplifier chez lui ce désir d’aller à la découverte de nouveaux mondes. L’eau, l’océan, les peuples de la mer mais aussi l’espace et au-delà, le futur ! Alors que Jacques-Yves Cousteau immerge sa première maison sous-marine, Jacques Rougerie assiste, ébahi, à l’exploit de Youri Gagarine, premier homme à voler dans l’espace. Il plonge à Vingt mille lieues sous les mers avec Jules Vernes, explore l’univers des Robots d’Isaac Asimov, s’embarque pour 2001 : L’Odyssée de l’espace d’Arthur C. Clarke. Des romans qui regorgent d’anticipations scientifiques et techniques et qui influenceront les réflexions de l’architecte.

Voilà ce qui pousse Jacques Rougerie à se lancer dans l’architecture. Aux Beaux-Arts, mais aussi aux Arts et Métiers « dans la perspective de pouvoir un jour donner une réalité à mes projets technologiques ». Puis, il assiste, « en dilettante », à des séminaires à l’Institut d’océanographie de Paris. Jacques Rougerie est déjà sur tous les fronts : en Indonésie, à la rencontre des Bajao, ce peuple de la mer vivant en osmose avec l’océan. Mais aussi tout autour du monde pour observer ce qui se fait de mieux en matière de technologies offshore.

La nature, c’est le futur !

Appliqué, passionné, le jeune architecte donne forme à ses premières visions. Sur la feuille, une évidence : l’influence de Léonard de Vinci. « Allez prendre vos leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur”, disait-il à ses élèves, il y a cinq cents ans. » De même, Jacques Rougerie a fait de la nature sa source d’inspiration infinie et durable, aiguisant toute sa vie son attrait pour l’architecture prospective et le biomimétisme. Et c’est en observant la nature que Jacques Rougerie imaginera sa maison sous-marine Galathée, ses refuges subaquatiques Aquabulles, son futur musée d’Archéologie sous la mer à Alexandrie ou encore son laboratoire SeaOrbiter, bio-inspiré de l’hippocampe. Il expérimente lui-même ses habitats, ce qui l’amènera à participer au record du monde sous la mer dans Chaloupa, au large de la Floride.

Musée d’Archéologie sous la mer à Alexandrie

Cette station internationale semi-submersible, laboratoire scientifique, technologique et éducatif destiné à dériver dans les grands courants océaniques, muni d’une base sous-marine, est à l’instar de la Station Internationale Spatiale, une ISS des mers totalement autonome et opérationnelle 24/7. Fin de la réalisation en 2026 pour un SeaOrbiter opérationnel en 2027.

Ce n’est pas l’homme qui prend la mer

Voilà maintenant plus de quarante ans que Jacques Rougerie, riche de ses passions, de ses rencontres et de son goût pour les expéditions lointaines, se fait l’inspirateur d’une fascinante architecture prospective en milieu sous-marin. Pendant longtemps, la mer a été synonyme de mystères, lieu de vie d’étranges créatures, source d’inquiétudes et de dangers. « Ce n’est finalement que très récemment que l’être humain a pris conscience des merveilles du monde sous-marin » qui suscitent aujourd’hui émerveillement et curiosité. Une prise de conscience qui doit beaucoup à Jacques-Yves Cousteau. « C’est lui le premier qui nous a ouvert les portes et les yeux sur ce Monde du silence. Qui nous a fait réaliser les équilibres fragiles de ce vaste univers. » Des équilibres auxquels le génie humain et la science, aussi essentiels soient-ils, doivent s’adapter.

Faire avancer l’humanité

De ce rapport au monde qui change, de cette fascination pour ce nouveau monde, Jacques Rougerie nourrit ses conceptions architecturales… et ses obsessions. Faire avancer l’humanité durablement en accompagnant l’imaginaire des hommes. Réconcilier l’être humain avec son milieu naturel. Et, ancrer au plus profondément de lui-même, le désir intense d’habiter la mer ! « Plus qu’un marin, lorsque je ne vois plus le trait de côte, je deviens une autre personne. Je me sens terriblement bien ! Mon imaginaire s’évade. Mais je suis avant tout, un homme du monde sous-marin, c’est tout mon corps qui entre en osmose avec celui-ci. Je me sens profondément ”mérien”. »

Conçu par Jacques Rougerie, le Blue Eye est un salon intégré sous la ligne de flottaison des navires PONANT Explorers. « Bio-inspiré » de l’œil et des fanons d’une baleine, cet espace est une fenêtre unique au monde ouverte sur l’univers sous-marin.

Le voyage, nourriture de l’esprit

C’est régulièrement que Jacques Rougerie est convié à monter à bord des navires PONANT. D’île en île parmi les perles des Antilles, en expédition dans les glaces du Grand Nord ou en suspension sur l’eau, lors d’un long voyage en mer… Autant d’aventures que l’architecte-aventurier prend toujours très à cœur. « Naviguer d’île en île, c’est la promesse d’une passionnante aventure humaine. Alors que lors d’une traversée au large, notre seul compagnon de voyage est l’océan. C’est une expérience plus sensorielle. Une véritable communion avec la mer ! » Chaque voyage est ainsi pour cet éternel curieux une occasion de partager sa double passion pour ces mondes méconnus que sont la mer et l’espace… « Le voyage me nourrit et j’aime partager ce plaisir. Sentir, éveiller la curiosité des passagers pour qu’ils deviennent eux-mêmes des explorateurs de leur propre aventure. »

Crédits photos : ©Rougerie Architectes

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