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5 questions à… François de Closets

“Sortir de cette halte forcée plus riche d’échanges, de connaissances, d’idées qu’on n’y est entré”François de Closets

Dans ses interviews confinement, Escales vous emmène à la rencontre de personnalités régulièrement présentes à bord des navires PONANT. Journaliste, philosophe, artiste ou essayiste, ils vous dévoilent leurs conseils et leurs indispensables pour mieux appréhender la situation.

Vos indispensables en cette période de confinement ?

Vous connaissez la phrase de Pascal : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne savoir pas demeurer au repos dans une chambre. » Pour ma part, j’ai toujours été assez pascalien étant entendu que la chambre en question est un bureau qui me permet de travailler. Oui, je me suis assez naturellement confiné dans mon travail. C’est dire que je ne connais pas l’ennui. Ayant toujours quelque chose à faire, à lire, à écrire, à chercher, je m’entends bien avec moi-même et mon problème était plutôt de me déconfiner, de ne pas trop m’enfermer dans mon travail. Fort heureusement, je n’étais pas seul dans ce confinement mais avec ma famille, épouse, enfants, petits-enfants. De ce fait, je profite à plein de mes rencontres, avec les miens, avec l’inconnu, avec l’étranger. Le bon voyageur n’est pas l’errant qui ne sait ni d’où il vient ni où il va, mais celui qui porte en lui son monde lorsqu’il s’en va. Vivant dans le manque permanent de tout ce qui me passionne, étant rongé de toutes les curiosités, le confinement est, pour moi, l’occasion d’explorer tout ce que je néglige en temps ordinaire. Entre bibliothèque, médiathèque et ordinateur le monde est à moi.

Vos conseils pour bien vivre cette période ?

Ouvrir son carnet d’adresses et s’interroger à chaque nom. Mais, celui-là, celle-là pourquoi ne l’ai-je pas appelé plus souvent ? Composer le numéro et appeler. Les réseaux sociaux peuvent aussi être très utiles pour cela mais je ne les utilise pas. Pour en revenir à Pascal le confinement nous fait découvrir que, en temps normal, nous cédons beaucoup au divertissement qui, en fait, s’impose à nous. Là nous devons choisir et même construire notre divertissement. L’échange, les autres, autant de plaisirs au-delà de la simple distraction.

Des alternatives pour nourrir sa culture ?

S’enrichir de ce qu’on aime. J’ai tendance à enchaîner les livres qui me tracent un itinéraire. Dans l’histoire par exemple, je suis volontiers les aventuriers de l’histoire plutôt que les historiens. Pour ces derniers l’histoire est un sujet d’étude qui s’impose à eux et qu’ils nous imposent à leur tour. L’aventurier au contraire nous propose sa vision avec laquelle on peut être ou n’être pas d’accord et c’est tout le bonheur. C’est ainsi que j’ai relu le « Roman de la France » de Laurent Joffrin qui parcourt toute notre histoire en la mettant en perspective comme une montée nécessaire vers la société libre dans laquelle nous vivons ; je me suis plongé dans « Décadence » de Michel Onfray qui, lui, met l’histoire en perspective avec l’épanouissement et l’interminable épuisement de l’Occident , il y a encore Jean-François Kahn qui dans « Droit dans le mur » voit l’histoire, celle qu’on se raconte, comme une glorification permanente des erreurs qui ont été commises. Jubilatoire ! Vous voyez chacun a son itinéraire et c’est passionnant de confronter le mien à celui des autres.

Pour moi aujourd’hui, je suis tout entier dans le deuxième album des « Guerres d’Albert Einstein » la B.D. que je fais avec Eric Chabbert et Eric Corbeyran et qui va paraître à l’automne. Et là aussi c’est une mise en perspective de l’histoire. Celle de l’invention des gaz asphyxiants et de la bombe atomique. Les premiers furent inventés par un chimiste militariste Fritz Haber. La seconde fut initiée par un physicien pacifiste Albert Einstein. Tout les opposait et pourtant ils furent de grands amis et firent en définitive, chacun de leur côté, la même chose. C’est de l’histoire devenue un roman vrai ou une fable.

Vos projets post-confinement ?

J’espère bien reprendre les conférences de croisières. Je travaille sur la prochaine : l’histoire de la couleur, avec mon épouse, pour premier auditeur critique. Savez-vous que le monde n’est pas coloré. L’herbe n’est pas verte, le ciel n’est pas bleu. C’est notre cerveau qui peint ainsi les images que nous recevons. La maîtrise des couleurs est une histoire passionnante et là je me suis beaucoup inspiré de Michel Pastoureau le grand historien de la couleur. Donc, tout au long des siècles, les hommes se sont battus pour maîtriser les couleurs, pour peindre, pour teindre. Et lorsqu’ils disposaient de couleurs, ils les mettaient partout la plus vive possible. Les temples et les statues de la Grèce Antique, l’architecture chinoise, les cathédrales médiévales, les vêtements des princes tout éclatait de couleur. Puis est venu l’homme en noir le grand chromatophobe : Martin Luther. Il a inspiré la retenue du monde moderne. C’est ainsi que, depuis que la technique maîtrise la couleur, nous ne l’utilisons plus qu’avec beaucoup de discrétion. Comme sur les navires du Ponant par exemple.

Et pour finir ?

Une pensée pour tous ceux qui vivent le confinement dans des conditions très pénibles d’entassement ou de solitude. Vivre pauvrement est une épreuve. Je l’ai connue et je ne l’oublie pas. Pour ceux qui ont la chance d’être bien chez eux, de n’être pas seuls : un mot d’ordre. Sortir de cette halte forcée plus riche d’échanges, de connaissances, d’idées qu’on n’y est entré.

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