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Les explorateurs de la côte est du Groenland

Raid Polaire // Polar Raid

200 ans d’aventures aux confins du monde connu

Il faudra du courage, de l’abnégation et de la chance à d’intrépides voyageurs pour parvenir à explorer les rivages englacés de la côte est du Groenland. Cette région difficilement accessible reste encore aujourd’hui sauvage, mystérieuse et énigmatique à bien des égards.

Les Vikings : pionniers de l’exploration du Groenland

L’histoire est très ancienne et démarre avec de hardis navigateurs originaires de Scandinavie. Vers 860, les Vikings conquièrent d’abord l’Islande, littéralement la « terre de glaces ». Vers 980, leur chef Erik le Rouge, banni de cette colonie, découvre une nouvelle contrée plus à l’ouest qu’il baptise à dessein : Groenland, la « terre verte ». Le but avoué est d’attirer les nouveaux colons sur le littoral verdoyant de cette grande île.

Au XIIIe siècle, alors que les Vikings sont à leur apogée, entre 3 000 et 6000 habitants colons vivent sur la côte ouest du Groenland et au sud de la côte orientale. Ils vont totalement disparaitre au cours du XVe siècle, ou peut-être avant. Conflits ? Épidémies ? Climat ? Le mystère n’a toujours pas été élucidé.

Bateaux Vikings

Trois siècles plus tard, l’océan glacial Arctique devient prisé des baleiniers et des phoquiers. Chasse et pêche y sont miraculeuses mais l’approche de la côte est encore périlleuse.

L’Est du Groenland : une côte inaccessible ?

À l’inverse de celle de l’ouest, la côte est du Groenland est difficilement accessible. En effet, même en été la glace de mer y est omniprésente : des plaques de banquise disloquée dans laquelle s’enchâssent des icebergs dérivent à l’ouest du détroit de Fram suivant un puissant courant marin depuis le Nord-Est du Groenland jusqu’au Cap Farwell à la pointe sud.

La valse des explorateurs

De nombreuses expéditions scientifiques vont néanmoins parvenir au cours du 19ème siècle à enfin explorer cette côte est du Groenland, dont celles des britanniques William Scoresby en 1822, Edward Sabine et Douglas Clavering l’année suivante, celle du suédois Otto Nordenskjöld en 1883 ou encore celle du norvégien Fridtjof Nansen dix ans plus tard. Quant aux chasseurs de baleine, ils ont surement été nombreux à réussir cet exploit mais aucun n’a laissé d’écrits de sa visite.

En France, le navigateur Jules Poret, baron de Blosseville monte sa propre expédition après avoir rencontré des explorateurs comme sir John Franklin, qui fut l’un des premiers à tenter de cartographier le passage du Nord-Ouest. Au cours de l’été 1833, le commandant de La Lilloise atteint la côte est du Groenland et cartographie des terres non répertoriées entre 68°34′ et 68° 55′ de latitude avant de sombrer lors d’un naufrage. De La Lilloise et de ses marins, aucune trace ne sera retrouvée, et cette région inhabitée fut dès lors désignée comme la « côte de Blosseville ».

GROENLAND_COTE_DE_BLOSSEVILLE_HELICOPTERE©StudioPONANT_OphelieBLeunven

L’exploration polaire, une source d’inspiration pour Jule Verne

La disparition de Blosseville a marqué Jules Verne. Il mentionne la destinée du marin-explorateur dans trois de ses romans :  Voyage au centre de la Terre (1864), Les Aventures du capitaine Hatteras (1866) et Le Sphinx des glaces (1897)

Les explorateurs danois Georg Carl Amdrup et Gustav Holm ont également grandement contribué à l’exploration et à la cartographie de cette côte orientale. Gustav Holm dirige les premières expéditions scientifiques programmées par le gouvernement danois pour étudier les anciennes colonies Viking entre 1880 et 1884. En 1882, il parvient à naviguer dans la baie d’Ammassalik, où il découvre l’existence de onze communautés inuits.

Un autre navigateur français se distingue lors d’une expédition accomplie en 1905 avec le trois-mâts Le Belgica : le duc d’Orléans. Il découvre une contrée inconnue qu’il baptise « Terre de France », bientôt renommée « Terre du duc d’Orléans ».

O300422_Reykjavik-Reykjavik©StudioPONANT_Morgane Monneret

Entre 1925 et 1936, le commandant Jean-Baptiste Charcot, multiplie quant à lui les navigations en mer du Groenland et les escales au Scoresby Sund, nouant des relations amicales avec les communautés locales. Des expériences qui conduisent le « gentleman polaire » à participer à l’installation de la première station polaire française dans le cadre de la seconde Année polaire internationale (1932-1933). Une quinzaine de marins et scientifiques réalisent ainsi le premier hivernage français au nord du cercle polaire.

Paul-Émile Victor : au cœur des communautés inuites

Il s’appelle Paul-Émile Victor et il ne manque pas d’audace. Grâce à son mentor, l’explorateur Jean-Baptiste Charcot, le jeune ethnologue de 27 ans est déposé pendant l’été 1934 à Ammassalik où il entreprend d’étudier ceux que l’on appelle encore les « Eskimos », leurs mœurs et leurs coutumes.

Vite adopté, « Wittou » (son surnom) multiplie les visites de terrain. En 1936, il traverse cette fois en traineau à chiens l’immense calotte glaciaire du Groenland d’ouest en est. Arrivé à bon port, il décide ensuite de partir hiverner avec sa famille adoptive à Kangerlussuatsiaq (le « Presque-pas-tout-à-fait-grand-fjord »), à 250 kilomètres du comptoir danois le plus proche. « Eskimo parmi les Eskimos », il y poursuit son travail d’ethnologue. Des aventures qu’il conte avec faconde dans 2 récits phares : Boréal (1937) et Banquise (1938).

Inuit sur un kayak

Paul-Émile Victor (1907-1995)

Paul-Émile Victor a également fait œuvre de géographe entre 1934 et 1937. Il a atteint le sommet du mont Forel (3 360 m), et cartographié les glaciers du fjord du Sermilik, leur donnant des noms français comme « le glacier Pourquoi-Pas » ou « le glacier des Champs-Élysées ».

Une côte sous haute surveillance

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Groenland devient un lieu stratégique au point que les Américains établissent le long de tout son littoral des bases aériennes. Redoutant la présence allemande (avérée) dans sa partie nord-est, les Danois mettent en place dès l’été 1941 une patrouille en traîneau à chiens chargée d’effectuer des missions de surveillance : la Sirius Patrol. Cette unité d’élite de la marine danoise n’a dès lors plus cessé d’arpenter cette zone en partie composée de l’immense parc national du Nord-Est du Groenland (974 000 km²).

Greenland 220522 + 030622

Pendant la guerre froide, le Groenland devient un poste d’observation privilégié pour les Américains qui renforcent leurs bases existantes et mettent en place une ligne défensive baptisée la Dew line, soit un réseau de stations radar, dont le but est de détecter toute intrusion soviétique, dont les redoutés missiles intercontinentaux.

À la même époque, des Français (sous la houlette de Paul-Émile Victor) partent explorer le cœur de calotte glaciaire, dont on ne connait encore rien. Si les Expéditions Polaires Françaises (EPF) battent leur plein dans années 1950 et 1960, personne ne se doutait alors de la portée future des découvertes de ces pionniers en matière de glaciologie dans l’étude actuelle de l’évolution du climat. 

Crédits photos : ©StudioPONANT / O. Bleunven / M. Monneret ; ©PONANT / C. Miller Hopkins ; ©PONANT / I. Dawson ; © iStock

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