Rencontre avec Eugénie Drion
Après être partie en croisière en famille avec PONANT, la danseuse classique Eugénie Drion a imaginé un projet de résidence artistique en mer unique en son genre. Elle nous en dit plus sur cette aventure humaine, pensée comme une ode à la mer et à sa préservation.
Comment se conçoit une œuvre dansée digitale ?
Le projet consiste à conscientiser le mouvement de l’eau, l’intérioriser puis le transmettre à travers nos mouvements, sur terre, sous l’eau ou sur une surface plane mais mouvante comme le pont du navire. Nous voulons ensuite tokeniser l’œuvre digitale en NFT. 50 % des bénéfices seront reversés à des associations. Nous allons figer le mouvement des corps, des vagues, du temps et de la lumière, et suspendre l’intangible dans cette capsule spatio-temporelle qu’est le NFT.
Les NFT, nouveaux venus sur le marché de l’art
Tout a commencé en 2021, quand une œuvre de l’artiste américain Beeple s’est vendue à 69 millions de dollars. L’acquéreur a reçu un NFT, ou “jeton non fongible”, dont l’authenticité est garantie par la blockchain. De plus en plus d’institutions parmi les plus prestigieuses au monde se sont depuis lancées dans la commercialisation de reproductions numériques d’œuvres physiques sous forme de NFT. Christie’s a ainsi vendu quelque 150 millions de dollars en NFT en 2021, signe de l’essor de ce nouveau marché.
C’est donc une façon de soutenir une cause qui vous tient à cœur ?
Tout à fait. L’un des aspects que j’affectionne dans l’art, c’est la possibilité de toucher la société à divers endroits. D’abord il y a l’intime, la réaction émotionnelle créée chez chaque spectateur. Ensuite il y a les valeurs défendues par l’œuvre, les questions soulevées, le discours et la vision des protagonistes. Elle peut être limpide ou au contraire très complexe, tout cela impactant la manière de recevoir les messages sous-jacents. Les NFT représentent une opportunité de soulever des fonds et d’aider de manière très concrète des ONG et associations. Dans notre cas, ce sont notamment les actions de Maud Fontenoy Foundation pour la protection des océans qui pourra bénéficier directement des fruits de cette résidence.
Danser, c’est voyager ?
L’esprit humain est bien fait. Nous n’avons pas forcément besoin de vivre physiquement un événement pour que notre cerveau en ressente le mouvement. Voir la danse et vivre la danse sont deux expériences différentes, qui toutes deux emportent, transportent dans le temps, dans des mondes parallèles, dans des voyages sensoriels surprenants. Comme le voyage dans sa définition première, la danse amène à se découvrir et découvrir, avec toute la poésie et les émotions que cela implique.
Vous avez créé l’association Independanse, qui promeut l’accès à cette discipline et favorise les échanges interculturels, avec l’Égypte, le Liban, la Thaïlande… La danse est-elle un art universel ?
Tout comme l’écriture, le cinéma ou le chant, la danse est un art pour découvrir ou faire découvrir le monde différemment. Avec Independanse, nous plaçons la création au cœur de la rencontre humaine pour favoriser cette émulation intellectuelle et artistique. L’idée est de faire se rencontrer des visions à différents niveaux pour s’ouvrir à autrui et au monde d’une manière singulière.
Est-ce par le prisme de la danse que vous appréhendez généralement la découverte d’une nouvelle destination ?
Découvrir une destination, c’est en découvrir la culture. Et toutes les civilisations dansent. Lorsque je voyage, j’essaie toujours de prendre des cours avec des danseuses et danseurs locaux. C’est incroyable ce que l’on peut communiquer par le corps, une forme de transparence de l’être, esthétisée selon une infinité de variantes. J’ignore si c’est la meilleure manière de voyager, mais c’est certainement l’une des plus humaines et des plus signées, à l’instar de la cuisine.
Certaines rencontres vous ont-elles particulièrement marquées, lors de vos voyages ?
En 2018, j’ai rencontré les danseuses et danseurs de la compagnie de l’Opéra du Caire, lors de mes vacances. Une rencontre décisive qui m’a marquée artistiquement et humainement. Le premier projet Independanse est né de cette expérience puisque nous avons créé la pièce Flux en 2019 avec eux. J’ai depuis un rapport particulier avec l’Égypte et une forte envie de continuer à développer des projets similaires.
Crédits photos : ©Albane Drion ; ©Svetlana Loboff (Opéra de Paris); ©iStock
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