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Mythes inuits

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Les récits d’une mémoire collective

Le peuple Inuit, c’est cette vaste famille qui, après avoir franchi un détroit de Béring pris par les glaces il y a près de 4 500 ans, s’est peu à peu répartie sur l’immensité des terres arctiques. Leur culture  est ancrée dans une forte tradition orale qui s’exprime à travers chants, poèmes épiques et histoires peuplés d’esprits et de créatures surnaturelles.

La tradition orale, trait d’union d’un peuple dispersé

La culture des Inuits est une culture de l’oralité. Des paroles et des récits racontés maintes et maintes fois, de génération en génération, jusqu’à venir nourrir un véritable sentiment d’appartenance. Des histoires pour transmettre des idées, des valeurs ou bien encore résoudre des conflits…

À travers leurs mythes, généralement de courts récits parfois rehaussés de chants ou de danses, les Inuits évoquent les merveilles du monde telles que la création, les cieux, la naissance, l’amour. Ou bien leur quotidien comme la chasse, le partage de la nourriture, le respect des aînés. Mais aussi des aspects plus sombres tels que la mort, le deuil ainsi que le mystère de l’au-delà.

mythologie inuit

Certes, la mythologie inuite varie d’une région à l’autre, voire d’un village à l’autre. Aussi peut-on trouver de nombreuses variantes d’un seul et même mythe, plusieurs noms d’un seul et même personnage…  Ces récits demeurent essentiels pour quiconque souhaite explorer et comprendre la culture de ces communautés autochtones de l’Arctique. Et au-delà, leur vision du monde.

Une nature pleine d’esprits

Selon la cosmogonie inuite, l’univers se compose de différents mondes – ou réalités. Différents plans d’existences où se répartissent vivants, défunts et esprits. Des mondes distincts mais inter-reliés via des portails permettant à chaque entité de voyager de l’un à l’autre. Du côté des vivants, seul le chaman (angakkuq) est habilité à franchir ces passages, jouant ainsi le rôle de médiateur auprès des âmes et des esprits afin de maintenir équilibre et harmonie.

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Peut-on parler de religion ? Non, davantage d’une manière de percevoir le monde selon laquelle chaque élément de la nature, chaque être vivant – humain, animal, végétal ou minéral –, a son propre esprit, sa propre âme. Ainsi l’âme humaine est-elle équivalente à celle d’un caribou, d’un arbre ou encore d’un glacier. Les Inuits utilisent le terme de anirniq pour désigner ce « souffle » qui subsiste après la mort. 

On trouve ainsi chez les Inuits cette culture de la préservation d’une nature âpre et sauvage, parfois périlleuse, qui amena ces communautés à vivre dans la crainte de forces invisibles. Une multitude d’esprits aussi redoutés que respectés qu’il s’agit d’honorer et d’apaiser pour assurer la survie et le bien-être de la communauté. En dépend la réussite d’une partie de chasse ou de pêche, la clémence des éléments ou la bonne fortune d’un mariage.

mythologie inuit

Un inukshuk, structure anthropomorphe de pierres empilées qui pouvait servir d’épouvantail de pierre pour les chasseurs Inuits, de point de repère ou de direction, ou encore pour marquer l’emplacement d’un lieu sacré.

Sedna, déesse de la mer et des animaux marins

Parmi ces légendes du peuple de l’Arctique, celle de Sedna est sans doute l’une des figures mythologiques les plus importantes de la cosmogonie inuite. Elle est considérée comme la déesse de la mer, à l’origine de la création des animaux marins. Vous pourrez également la rencontrer sous le nom de Nuliayuk, Taluliyuk ou encore Taleelayuk.

Souvent représentée, telle une sirène, sous la forme d’une femme à la queue de poisson, elle est pour les Inuits la mère nourricière de l’océan. De sa volonté dépend la générosité des océans. Gare à son courroux, source de famine. Aussi les chamans n’hésitent-ils pas, lors de leurs transes, à peigner les longs cheveux de la déesse afin d’adoucir sa colère. Emmêlée, sa chevelure retient prisonniers au fond de la mer poissons et mammifères.

Il existe autant de versions de son histoire que de villages inuits. En voici une…

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La légende de Sedna

La belle Sedna vivait seule avec son père qui désespérait de lui trouver un jour un époux. Elle fut enlevée  par un riche chasseur aux traits hideux – en réalité un chaman –,  qui l’emmena sur une île lointaine. Ses pleurs et ses  plaintes parvinrent jusqu’à son père, qui décida ramener sa fille en kayak. Réalisant leur fuite, fou de rage, le chaman déchaîna sur eux les éléments de l’océan. Pris dans la tempête, le père sacrifia  son enfant en la jetant par-dessus bord. Alors que Sedna s’agrippait au kayak pour ne pas sombrer, il frappa sur ses doigts gelés  qui se brisèrent, puis sur ses mains qui tombèrent à l’eau à leur tour. 

Des phalanges de Sedna naquirent poissons, phoques et morses. De ses mains, les baleines. Quant à Sedna, elle s’enfonça dans les profondeurs de la mer pour y demeurer à jamais.

Des légendes  toujours bien vivantes

Ainsi en fut-il du destin de Sedna mais nous pourrions aussi bien évoquer celui de Nanuq, d’Amarok ou de Kiviuq. Celui du démon Mahaha et autres Qallupilluks, étranges créatures recouvertes d’écailles… Autant d’esprits et d’êtres surnaturels d’un monde spirituel inestimable, trésors d’une culture orale aussi précieuse que fragile.

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Une culture que la jeunesse inuite se réapproprie volontiers aujourd’hui en continuant de raconter les histoires de son peuple, de ses origines et de sa relation étroite avec la nature. Simplement, les vecteurs de transmission se modernisent entre performances théâtrales, ateliers et festivals culturels. L’écriture de romans et de poèmes. L’utilisation des arts visuels (peinture, sculpture…), des outils numériques (vidéos, blogs, podcasts…) et des réseaux sociaux.

Autres figures majeures de la mythologie inuite…

Nanuq

« Nanuq » (ou Nanuuq, Nanook…) désigne autant l’animal que l’être mythologique. C’est le dieu-maître des ours polaires. Le roi de l’Arctique. C’est à lui que revient la décision du respect, ou non, par les chasseurs des règles rituelles inhérentes à une chasse à l’ours réussie. Les Inuits le vénèrent, admirant autant sa force que son intelligence.

Tekkeitsertok

Autre dieu de la chasse incontournable, Tekkeitsertok est le patron des caribous. De sa volonté dépend le sort de toutes les créatures s’aventurant sous le ciel nordique. Mieux vaut lui rendre hommage si vous cherchez sa protection en arpentant ses terres.

Amarok

C’est le grand esprit du loup ! Gare aux chasseurs qui seraient assez inconscients pour partir seuls dans la nuit. À l’inverse, il peut tout aussi bien leur venir en aide en s’assurant de la bonne santé des troupeaux de caribous, en les débarrassant des éléments les plus faibles et assurant ainsi la subsistance des villages.

L’homme-dieu Kiviuq

Kiviuq est un puissant chasseur chaman, craint pour sa force et respecté pour sa sagesse. D’après la légende, il a arpenté pendant plusieurs générations les régions les plus reculées de l’Arctique, et affronté maints dangers, entre créatures mythiques et esprits de la nature. À travers son voyage initiatique, il est devenu un symbole de la richesse culturelle inuite.

Bien plus qu’un simple élément de folklore, la transmission de ces mythes apparaît comme l’ancestral ciment d’une identité à la fois plurielle et singulière. Un liant mythologique destiné à préserver tout un patrimoine culturel, à entretenir une solidarité sociale, voire une certaine unité politique.

Crédit photos : ©iStock ; ©PONANT-Photo-Ambassador-Ian-Dawson ; ©Studio PONANT-V. Vauchelle ; ©PONANT-J.Fabro

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