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Traditions ancestrales d’Océanie

À la découverte de cultures fascinantes, avec Serge Guiraud

Serge Guiraud, ethnologue spécialisé en anthropologie visuelle, est guide-naturaliste sur les croisières PONANT depuis 2011. Son expertise sur la culture matérielle des amérindiens d’Amazonie et les peuples de Mélanésie l’a amené à participer à l’enrichissement des collections extra-européennes de grands musées français.
Les îles d’Océanie abritent une diversité incroyable de sociétés et de cultures. Serge Guiraud nous éclaire sur les mystères qui entourent certaines cérémonies et rituels authentiques auxquels on peut assister dans cette région fascinante.

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Quel est votre souvenir le plus émouvant avec les peuples d’Océanie ?

Les souvenirs sont nombreux et se bousculent. J’ai en mémoire, l’accueil que les Mélanésiens nous réservent à chacune de nos arrivées. La musique, les sourires, les offrandes de fleurs et de kava sont des moments d’intense émotion.
Mon souvenir le plus émouvant s’est déroulé sur une île au nord du Queensland. Notre guide aborigène demanda, avant d’effectuer la visite, de respecter une minute de silence en hommage aux morts des attentats de Paris. Cet acte d’empathie fit voler en éclats toutes les barrières culturelles. Durant une minute il n’y avait plus qu’une seule humanité.

Quelle est l’importance des cérémonies dans la culture mélanésienne ?

La célébration de rites et de cérémonies est un moyen de socialisation. Ces instants servent à réactualiser un mythe, à intégrer un individu dans un collectif, à remercier des dieux pour une bonne récolte ou bien encore à apaiser les esprits malfaisants.
À certains moments de la vie, la collectivité se rassemble pour célébrer un épisode « hors de l’ordinaire du quotidien ». Elle en profite pour déployer son imagination, pour marquer son attachement à une ancestralité et pour scénariser des actes du passé aujourd’hui abolis. C’est à la communauté qu’incombe la responsabilité d’organiser les cérémonies, qui, par leurs répétitions, définiront la place de l’individu en son sein. Ce processus permet à l’individu de connaître ses devoirs envers son groupe et, réciproquement ce qu’il est en droit d’attendre de sa communauté. La célébration des rites et des cérémonies sont des facteurs de cohésion sociale.
Les rites et les cérémonies sont pléthores. Ils se distinguent des activités quotidiennes car ils sont réalisés de manière formelle selon des canons établis par les traditions de chaque ethnie. Cela n’empêche nullement une invention ou une rénovation de ces rituels. Les gestes, les chorégraphies, les ornements, les chants et la musique sont toujours de nature symbolique. En célébrant régulièrement les rites, les hommes tentent de maintenir l’équilibre du monde.

Alotau, Papouasie-Nouvelle-Guinée © Olivier Blaud – Dance du feu, peuple Baining, Papouasie-Nouvelle-Guinée © Serge Guiraud – Roderick Bay, îles Salomon © Olivier Blaud – Ureparapara, Vanuatu © Serge Guiraud – Vanikoro, îles Salomon © Olivier Blaud – Vanikoro, îles Salomon © Olivier Blaud

Quelle tradition est particulièrement symbolique pour la société mélanésienne ?

Le Vanuatu est un archipel composé de 83 îles pour la plupart d’origine volcanique, qui abritent environ 280.000 habitants. Les Ni-Vanuatu parlent 113 langues différentes auxquelles se rattachent souvent plusieurs dialectes. Cette petite république, indépendant depuis 1980, concentre la plus grande diversité culturelle et linguistique eu égard au faible nombre de ses habitants.
Sur l’île d’Ambrym, au Vanuatu, il y a ce que l’on appelle le « système des grades », c’est-à-dire un système complexe qui consiste à franchir toute une série de rangs sociaux en s’acquittant d’une somme à chaque grade plus élevé. Généralement le moyen de paiement est une dent retournée de cochon dont la valeur dépend de la courbure de la défense.
L’accès à des grades supérieurs permet de jouir d’une plus grande influence au sein de sa communauté et de s’assurer une meilleure vie dans le monde des morts. Chaque passage, parrainé par un membre du rang convoité ou d’un rang supérieur, s’accompagne de la remise d’un certain nombre de cochons et de leur sacrifice au cours duquel sont exhibés des ornements. C’est le moment où la personne change de nom. L’accès au rang supérieur permet de devenir « un grand homme ». Ce statut de « grand homme » ne doit pas être compris comme en Occident, où la personne détient une autorité. À Ambrym, le « grand homme » bénéficie donc d’une grande influence car, ce statut lui permet d’être plus proche du monde des esprits ancestraux qui, eux détiennent le pouvoir.

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Cérémonie Rom, Ambrym, Vanuatu © Serge Guiraud

En quoi consiste la cérémonie liée à ce rituel ?

Si des rituels sont interdits à la vue des femmes et des enfants, la danse ole, présentée aux passagers, est ouverte à tous. Seul un espace qui correspond à la maison des hommes reste strictement interdit. Les candidats aux changements de grades y séjournent, y font la cuisine. Ils peuvent y rester 3 à 4 mois soumis à un interdit sexuel absolu.
La performance culturelle présentée aux visiteurs consiste en une chorégraphie orchestrée par des anciens. Des hommes masqués flanqués de suiveurs se présentent sur la place de cérémonie. Ils exécutent la danse ole avec de grands masques cimier et le corps recouvert de feuilles de bananier. Les danseurs suivent le rythme des tambours à fente.
À la fin du cycle cérémoniel les masques sont détruits.

Photo credit: © Serge Guiraud & © Olivier Blaud

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