Un melting pot culturel réussi
Des eaux chaudes de la mer des Caraïbes aux chatoyantes rives du Golfe du Mexique, en passant par les merveilleux sites mayas dressés au cœur de la tropicale péninsule du Yucatán : Steve Bourget, responsable des collections Amériques au musée du Quai Branly – Jacques Chirac partage les secrets de ce patrimoine exceptionnel, à la confluence des influences précolombiennes, hispaniques et afro-caribéennes.
En quoi cette région entre Caraïbes et Amériques est-elle particulièrement intéressante ?
Il s’agit de destinations tout à fait palpitantes d’un point de vue anthropologique et archéologique. Et pour le musée du Quai Branly, c’est une région que nous avons notamment récemment mis en avant à travers l’exposition Les Black Indians de La Nouvelle-Orléans, consacrée aux traditions carnavalesques des Africains-Américains à La Nouvelle-Orléans.
Les Black Indians de La Nouvelle-Orléans
Plus méconnu que l’incontournable défilé du carnaval de La Nouvelle-Orléans, celui des Black Indians a fait l’objet d’une exposition au musée du Quai Branly. Les Black Indians, ce sont ces Africains-Américains de Louisiane qui, chaque année depuis 150 ans, paradent en parallèle des festivités carnavalesques du Mardi gras, parés de costumes extraordinaires, aux rythmes syncopés de percussions et de chants enivrants. Des parades pour célébrer une identité autant que pour honorer le souvenir des esclaves africains et de leurs descendants, ainsi que des peuples amérindiens qui les ont recueillis. Un puissant marqueur culturel doublé d’un nécessaire devoir de mémoire…
En quelques mots, quelle est l’histoire de cette région ?
C’est une région de l’Atlantique qui a connu de nombreux mouvements de population : d’abord les peuples venus d’Amérique du Nord suivis des Tainos de Porto Rico, d’Haïti et de Cuba, cette ethnie amérindienne partie d’Amazonie pour remonter ensuite dans les Caraïbes. De ce formidable brassage de populations sont apparues les premières formes d’agriculture intensive. C’est dans cette région que l’on observe également le développement des premières sociétés complexes telles que les Olmèques, suivis des Mayas, ainsi que des grands peuplements de la côte du golfe du Mexique jusqu’aux États-Unis. Ce brassage rend la région tout à fait exceptionnelle.
Comment se traduit ce métissage culturel ?
Le paysage culturel des Caraïbes s’avère aussi fascinant que complexe. À l’image de ses traditions. Beaucoup ont disparu. On les connaît à peine, voire pas du tout. D’autres se sont développées telles que le vaudou dans la région d’Haïti. Dans la région de Cuba, des traditions afro-cubaines témoignent d’une identité culturelle forte mais très différente de celles que l’on peut rencontrer par ailleurs en Martinique, en Guadeloupe ou encore le long de la côte mexicaine et des États-Unis. Toutes ces traditions sont étonnantes : certaines proviennent du monde précolombien et perdurent encore aujourd’hui, à l’instar des rituels préservés par certaines ethnies autochtones dans la région du Yucatán. De nouvelles croyances religieuses sont également venues se greffer aux religions africaines, des pratiques carnavalesques que l’on retrouve en Guadeloupe et en Martinique qui rappellent celles de La Nouvelle-Orléans, tout en gardant leurs spécificités. Car si La Nouvelle-Orléans puise dans ses racines africaines, amérindiennes et autochtones, la ville s’inscrit par ailleurs dans la modernité américaine.
Un carnaval de cultures à La Nouvelle-Orléans
Vivante et festive, berceau du jazz et du blues, celle que l’on appelle Big Easy rayonne de son identité cosmopolite. Les cultures amérindienne, africaine, créole, cajun et européenne irriguent chaque recoin de la ville. La Nouvelle-Orléans est le symbole d’un melting-pot culturel réussi, à l’image de son carnaval du Mardi gras, de ses chars et de ses fanfares défilant dans le Vieux Carré…
Crédits photos : © Istock
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